Onco-Dermato
Carcinome de Merkel : les facteurs de risque mieux précisés
Si les situations cliniques d’immunodépression favorisent la survenue d’un carcinome de Merkel, à l’échelle de la population, ses deux principaux facteurs causaux sont l’exposition aux UV et le polyomavirus de Merkel.
- ppengcreative/iStock
Le carcinome de Merkel (CM) est une tumeur cutanée rare et agressive, qui expose à un risque élevé de rechutes et d’extension métastatique. Parmi les causes identifiées du CM : l’exposition aux UV, le polyomavirus de Merkel et l’immunodépression, dont les parts respectives restent toutefois mal précisées, ce qui limite la mise en place de mesures de prévention.
Une vaste étude épidémiologique, dont les conclusions sont publiées dans le JAMA, souligne le rôle premier de l’exposition solaire et du polyomavirus, les situations d’immunodépression n’intervenant finalement que pour une faible fraction de ces tumeurs.
Plus de 38 000 cas colligés
Les auteurs de ce travail se sont basés sur les registres de population, les séries de cas incluant des sujets immunodéprimés (infection par le VIH, transplantation, leucémie lymphoïde chronique..), les registres des cancers et l’exposition ambiante aux UV en fonction du lieu géographique.
Au total, entre janvier 2001 et décembre 2019, 38 020 cas de CM ont été diagnostiqués aux Etats-Unis, dans 38 % des cas chez des femmes, majoritairement des sujets à phototypes clairs (93%).
Comparativement à la population générale, l’incidence du CM était élevée chez les personnes ayant une infection VIH (odd ratio standardisé 2,78), ceux ayant été transplantés (ORS 13,1) et ceux ayant une LMC (ORS 5,75).
Un faible impact de l’immunodépression au niveau populationnel
Mais compte tenu de la rareté de ces situations, au niveau populationnel, la part des CM qui leurs étaient attribuables était très faible, : 0,2 % pour le VIH, 1,5 % pour les transplantations d’organes et 0,8 % pour la LMC.
Comparativement aux sujets appartenant aux minorités ethniques, l’incidence du CM était plus élevée chez les sujets blancs d’origine non hispaniques exposés aux UV ambiants (ORS respectivement de 4,05 et 4,91 pour les CM de la tête et du cou).
Au total, 65,1 % des CM étaient attribuables aux radiations UV et 63,8% aux polyomavirus de merkel.
Les efforts de prévention doivent ainsi porter, comme pour les autres cancers cutanés, sur la réduction de l’exposition aux UV. Il n’y a en effet pas d’actions possibles vis-à-vis du polyomavirus, virus ubiquitaire non accessible à une vaccination.