Snus: danger chez les femmes en âge de procréer !

Plus de symptômes d'asthme ont été observés en cas de consommation de snus débutée avant 15 ans. Ce risque est majoré chez les jeunes filles et serait potentiellement dangereux sur le développement des voies aériennes du fœtus lorsqu’il est consommé par les futures mamans. La nicotine serait peut-être la coupable. D’après un entretien avec Agnès HAMZAOUI.

Une étude, dont les résultats sont parus en octobre 2024 dans le BMJ Open Repspiratory Research,  a cherché à démontrer l’association entre la consommation du snus avant la puberté et l’apparition de symptômes de l’asthme. Il s’agit d’une analyse transversale de cohorte,  réalisée en Norvège, en Suède, en Islande au Dan mark et en Estonie, entre 2016 et 2019. Au total, 9002 participants de plus de 15 ans issus de la population d’Europe du Nord , d’Espagne et d’Australie ont été inclus. Le critère principal était l’état de l’asthme actuel ou l’apparition de symptômes d’asthme L’âge moyen des participants était de 28 ans (les extrêmes étaient 15 et 53 ans) et 20% d’entre eux avait consommé du snus. Parmi les consommateurs de snus, 26% des hommes et 14% des femmes avaient commencé avant l’âge de 15 ans.

Un effet de la nicotine ?

Le professeur Agnès HAMZAOUI, chef du service de pneumologie  à l’hôpital Abderrahamen-Mami, à Ariana, explique que le snus est une poudre de tabac humide, non fumé, très utilisé dans les pays du nord et par les sujets âgés au Maghreb, en Inde ou encore au Bengladesh. Elle précise que les résultats de cette étude ont un intérêt chez les jeunes filles qui en consomment au moment de la puberté, puisque cela augmenterait leur risque de développer un asthme. Ces résultats peuvent être surprenants compte-tenu du fait que le snus est un produit qui n’est pas inhalé et ils pourraient être liés à un effet de la nicotine, qui serait nocive au même titre que les hydrocarbures contenus dans le tabac à fumer. Agnès HAMZAOUI rappelle que la littérature sur le sujet rapporte des résultats très controversés sur les risques liés au tabac non fumé, qui n’aurait pas d’impact sur les voies respiratoires basses et n’augmenterait donc pas le risque de BPCO, de cancer broncho-pulmonaire ou d’exacerbation de l’asthme chez l’adulte. C’est pourquoi beaucoup de sujets asthmatiques consomment ces produits sans penser augmenter leurs risques.

Un vrai danger chez les femmes en âge de procréer

Agnès HAMZAOUI souligne, toutefois, qu’il existe quelques publications démontrant un impact négatif du snus lorsqu’il est consommé par des femmes enceintes. En effet, le snus, lorsqu’il est consommé en début de grossesse, aurait un rôle néfaste sur le développement des voies aériennes des nouveau-nés et augmenterait le risque de pathologie sifflantes chez le nourrisson. Ces données contradictoires amènent à poser la question de la toxicité de la nicotine puisque tous les produits de sevrage tabagique en contiennent et que le snus est de plus en plus utilisé. Agnès HAMZAOUI explique donc qu’il ne faut pas perdre de vue le risque existant lorsque le snus est consommé par des jeunes filles au moment de la puberté et par les jeunes femmes en âge de procréer.

En conclusion, cette étude, bien réalisé et dont les résultats sont solides interpelle sur la question de la toxicité de la nicotine contenue dans les produits à base de tabac non fumés et incite à la plus grande vigilance, notamment chez les jeunes filles et chez les femmes enceintes.