Gastro-entérologie

MICI : comment dépasser les limites actuelles dans leur prise en charge ?

Quelles sont les limites de la prise en charge actuelle des MICI et comment les dépasser ? Des gastro-entérologues experts ont répondu à la question, thème du congrès européen dédié aux MICI au micro de l'AFA, l'association de soutien aux patients. Des éclairages passionnants sur la prise en charge actuelle et à venir de ces maladies qui restent encore des énigmes pour la recherche et la pratique...

  • champpixs/istock
  • 13 Avr 2024
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    Fin février dernier a eu lieu à Stockholm, le 19ème congrès européen ECCO, uniquement dédié aux MICI (maladies inflammatoires chroniques des intestins). Il avait pour thème « crossing borders in IBD », ou en français : « dépasser les limites dans les MICI ».

    L'AFA, l'association française de soutien et d'accompagnement aux patients atteints de MICI était présente et a recueilli les témoignages de plusieurs experts de gastro-entérologie sur cette question. Des puits de connaissances qui nous expliquent quelles sont ces limites et comment on peut espérer dès maintenant et à l'avenir les surmonter. 

    Un arsenal thérapeutique qui se heurte à un plafond de verre 

    Sur le plan thérapeutique, un arsenal est désormais disponible pour prendre en charge les MICI avec six classes médicamenteuses aux mécanismes d'action différents. Cependant « tous ces traitements ont leurs limites et en fait on n’a pas vraiment fait beaucoup mieux que les premiers anti-TNF qu'on a connus il y a 25 ans » regrette, au micro de l'AFA, le professeur Laharie, gastro-entérologue au CHU de Bordeaux, ce à quoi ajoute le professeur Boschetti, gastro-entérologue au CHU de Lyon « même si on a toutes ces molécules, les taux de réponse, l'efficacité de ces médicaments restent les mêmes, c'est ce qu'on appelle le plafond de verre ».

    La recherche s'oriente donc maintenant vers une nouvelle piste, l'association de médicaments, comme c'est déjà le cas dans d'autres spécialités. Pour le professeur Boschetti, la piste est très prometteuse « il y a eu toute une présentation sur des données de l'association de médicaments, on en a de plus en plus, elles sont positives et c'est peut-être ça le Graal pour les MICI et traverser ce plafond de verre ».

    Autre enjeu de taille, « extrêmement important » pour le Pr Boschetti, le traitement précoce de la maladie, point sur lequel il précise que « si on veut aller plus loin et gagner la bataille, il va falloir traiter précocement, choisir les bons traitements dès le début de la maladie [...]car on voit que ça change l'histoire naturelle de la maladie ». Enfin pour ce qui est d'une éventuelle guérison, « c'est un peu utopique, mais en tout cas on essaye de s'en rapprocher le plus possible » conclut le Pr Amiot, gastro-entérologue à l'AP-HP.     

    L'avenir s'oriente vers une prise en charge « holistique » des patients

    Sur le plan de la prise en charge plus globale, bonne nouvelle, une approche de la maladie plus centrée sur le patient se diffuse dans les recherches. La qualité de vie, les impériosités, la fatigue, la douleur « ont souvent été mis de côté dans les essais cliniques et dans la pratique, et on essaie désormais d'avoir une prise en charge un peu plus globale qu'on appelle holistique » explique le Pr Laharie.

    Pour le Dr Caron, gastro-entérologue au CHU de Nancy, cette prise en compte est vraiment nécessaire dans la pratique quotidienne, avec l'importance de « franchir aussi ce fossé qu'on a parfois entre les patients et leurs médecins », une autre limite à franchir en plus de celle des thérapeutiques. Elle reconnaît par exemple qu'« il y a des questions qu'on n'ose parfois pas poser aux patients comme sur la fatigue ou les impériosités parce qu'on a pas forcément de réponse à  leur donner». Elle précise aussi qu'il y a une tendance actuelle à « essayer de sortir du médicament et de prendre en compte l'activité physique, l'alimentation, l'aide psychologique mais aussi d'avoir une prise en charge plus personnalisée »

    Et le microbiote, on en parle ?

    « On a énormément de travail pour le futur » conclut le professeur Seksik, gastro-entérologue expert des MICI à l'AP-HP. Ce à quoi il ajoute qu'au congrès ECCO « il y a un grand absent : tout le côté luminal, microbiote, on en parle pas !! ». Et ce n'est pas parce qu'il n'y a rien à dire à ce sujet, loin de là, précise-t-il : « Il y a beaucoup d'immunologie et de médicaments au congrès, on voit bien là la force des firmes industrielles [qui] occupent un peu trop le terrain ».

    Gardons la tête froide donc, et pensons aussi environnement, microbiote, alimentation, moins lucratifs que les médicaments mais sans doute aussi très efficaces en association avec eux. L'avenir des recherches le prouvera probablement.

     

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