Rhumatologie
Synovite infraclinique : 1 sur 2 évolue vers une polyarthrite rhumatoïde
Chez les personnes anti-CCP positives, une synovite infraclinique disparaîtrait au bout de 12 mois chez environ la moitié des participants, si elle est associée à la présence de facteurs de bon pronostic. La synovite infraclinique en échographie ou en IRM doit donc toujours être interprétée dans le contexte de la présence ou de l’absence de ces facteurs pronostiques.
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Lors de douleurs articulaires, la détection d’une synovite est critique pour mettre en route un traitement de fond et la sensibilité de l'échographie articulaire est très supérieure à celle de l'examen clinique et des radiographies. L'échographie couplée au Doppler est également capable de mieux détecter une inflammation locale de la synovite avant qu’une synovite clinique ne se développe.
Alors que de nombreuses études s'accordent à dire que la présence d'une synovite infraclinique a une valeur prédictive vis-à-vis du développement d'une d'une polyarthrite rhumatoïde, et que certaines suggèrent que la synovite infraclinique est le prélude inévitable à la synovite clinique, une controverse subsiste en raison de certaines études montrant une faible valeur prédictive.
À partir des données d'un centre de prise en charge de la polyarthrite rhumatoïde au Royaume-Uni, une équipe de recherche montre que, chez les personnes anti-CCP positives, une synovite infraclinique disparaîtrait chez 48% des patients au bout de 12 mois de suivi, en particulier si elle est associée à la présence de facteurs de bon pronostic. La synovite infraclinique doit donc être interprétée uniquement dans le contexte de ces 4 facteurs pronostic. Ces résultats sont publiés dans The Lancet Rheumatology.
Quatre-vingt-dix synovites infracliniques anti-CCP+ suivies 12 mois
La synovite infraclinique disparaît en effet chez 43 (48%) des 90 participants suivis, tandis qu’elle persiste chez 47 (52%) participants de la cohorte prospective, dont 27 (57%) développeront une synovite clinique dans les 12 mois.
Dans l'analyse multivariée, un titre faible d'anticorps anti-CCP (RR 1,52, IC à 95% 1,04-2,22), un facteur rhumatoïde négatif (1,54, 0,92-2,58), une synovite infraclinique touchant une seule articulation (1,62, IC à 95% 1,04-2,50) et une vitesse de sédimentation de 15 mm/h ou moins (1,82, IC à 95% 1,15-2,87), sont des facteurs prédictifs de la disparition d’une synovite infraclinique dans les 12 mois (c’est-à-dire des facteurs de bon pronostic). La courbe ROC montre une aire sous la courbe de 0,84 (IC à 95% 0,76-0,92 ; p<0.0001).
La disparition de la synovite est survenue chez sept (100 %) des sept participants qui ont les quatre facteurs pronostiques, et chez un seul (7 %) des 14 participants qui n’a aucun de ces facteurs.
L’échographie articulaire doit être interprétée en fonction du contexte
De nombreuses études ont examiné le rôle de l'échographie en tant que facteur prédictif du développement d’une arthrite inflammatoire dans les populations à risque (anti-CCP+ et/ou antécédents familiaux) ; cependant, il s'agit de la première étude à évaluer l'évolution et la réversibilité de la synovite infraclinique détectée en échographie.
Une synovite infraclinique a été identifiée chez un tiers des personnes souffrant de douleurs articulaires et anti-CCP+ qui sont à risque de polyarthrite rhumatoïde dans cette cohorte, ce qui est cohérent avec les données de la littérature. Mais cette synovite a disparu chez environ la moitié de ces participants au bout de 12 mois. La présence de facteurs de bon pronostic (titre anti-CCP faible, facteur rhumatoïde négatif, synovite infraclinique limitée à une seule articulation et VS ≤15 mm/h) serait donc prédictive de la résolution de la synovite infraclinique à 12 mois.
Si ces quatre facteurs étaient présents, la résolution est survenue chez tous les participants (sept [100 %] des sept participants), alors que si aucun de ces facteurs n'était présent, la résolution de la synovite infraclinique surviendrait chez seulement un (7 %) des 14 participants. La synovite infraclinique doit donc toujours être interprétée dans le contexte de ces facteurs.
Bien définir la fenêtre d’opportunité
L'instauration précoce d'un traitement de fond dans ce que l'on appelle la « fenêtre d'opportunité » (c'est-à-dire un stade de la maladie où il serait possible de modifier son histoire naturelle parce que les processus biologiques seraient dans une phase moins mature et plus réversible) est devenue une priorité en raison de son association avec l'amélioration des résultats à long terme.
En raison de la sensibilité de l'échographie pour détecter une synovite inflammatoire à un stade infraclinique, il a été proposé dans diverses études et lors des congrès de l'EULAR que, les résultats de l'échographie puissent être utilisés pour déterminer le stade de la maladie lors de l'application des critères diagnostiques 2010 de l'American College of Rheumatology (ACR)-EULAR.
Cependant, une étude a montré que le remplacement du critère arthrite clinique dans les critères diagnostiques 2010 de l'ACR-EULAR par un critère synovite infraclinique des mains ou des pieds, détectée soit par échographie soit par IRM, entraînait un taux élevé de faux positifs, allant de 44 à 68 % chez les personnes anti-CCP positives.
Compte tenu des taux élevés de disparition de la synovite infraclinique, l'absence de recommandations précises pourrait conduire à prescrire à certaines personnes des traitements de fond, qui sont souvent poursuivis à long terme, alors même que la maladie clinique n’est pas établie. Cette étude plaide en faveur de recommandations précises sur ce sujet sensible.