Rhumatologie

Infections sur prothèses : le taux des D-dimères peut faire la différence

Un taux plasmatique élevé de D-Dimères ne serait pas moins prédictif d’un taux élevé de CRP pour le diagnostic d’une infection prothèse articulaire. Il pourrait même être supérieur pour certains types de patients et certains types de germes

  • Rasi Bhadramani/istock
  • 13 Fév 2023
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    L'infection sur prothèse articulaire est une complication majeure d'une prothèse totale de la hanche ou du genou et constitue l'une des principales causes d'échec de ce type de chirurgie. Le diagnostic d'infection chronique sur prothèse articulaire peut être parfois très difficile et aucun test n'a une précision absolue pour déterminer si une prothèse articulaire est infectée ou non.

    La mesure des taux plasmatiques de D-dimères pourrait fournir des informations utiles lors du diagnostic d’une infection sur prothèse, selon une étude parue dans The Journal of Bone & Joint Surgery.

    « La mesure des D-dimères plasmatiques a une précision diagnostique comparable à celle d'autres tests couramment utilisés pour identifier une infection sur prothèse, et dans certaines situations, elle serait plus performante que les tests standard », selon une nouvelle étude menée par une équipe de recherche du Rothman Orthopaedic Institute de l'Université Thomas Jefferson, à Philadelphie.

    Meilleur rapport sensibilité spécificité

    Les D-dimères plasmatiques sont un test couramment utilisé pour détecter les thromboses veineuses profondes. Il s'agit également d'un marqueur d'infection potentiellement utile et son utilisation a été validée dans le diagnostic des infections sur prothèse articulaire. Cependant, certaines études ont soulevé des doutes quant à la performance diagnostique des D-dimères dans ce contexte, et sa véritable précision reste inconnue.

    Dans une nouvelle étude, les chercheurs de l’Université de Philadelphie ont comparé les D-dimères plasmatiques et d'autres tests pour le diagnostic d’infection sur prothèse. Sur une période de quatre ans, l'étude a recruté de manière prospective 502 patients devant subir une révision d'arthroplastie du genou ou de la hanche, quelle que soit leur indication chirurgicale. Immédiatement avant la chirurgie, tous les patients ont eu une prise de sang et les taux de D-dimères, de CRP et de VS, ainsi que de fibrinogène ont été mesurés.

    Après application de la définition d’infection sur prothèse du consensus international de 2018, 23% des patients se sont révélés atteints d’infection sur prothèse. Les quatre tests avaient une « précision comparable » pour le diagnostic d’infection sur prothèse. La sensibilité est de 81,3% pour les D-dimères, 90,4% pour la CRP, 73,9% pour la VS et 74,7% pour le fibrinogène. D'autre part, la spécificité est de 81,7% pour les D-dimères, 70,0% pour la CRP, 85,2% pour l'ESR et 75,4% pour le fibrinogène. Pour les quatre mesures, les valeurs sont plus élevées chez les patients chez qui l’infection était avérée.

    Meilleure performance pour les infections indolentes

    Cependant, dans certains sous-groupes de patients, les D-dimères offriraient un avantage diagnostique. Dans une sous-analyse qui excluait les patients présentant certaines pathologies associées à une inflammation, les D-dimères seraient plus performant que la VS, le fibrinogène et la CRP pour reconnaître la présence d'une infection sur prothèse.

    Les D-dimères se sont également révélés plus performants dans la détection d’infections indolentes sur prothèse articulaire en rapport avec des germes à croissance lente, avec des valeurs supérieures pour la sensibilité et la spécificité.

    En outre, les quatre tests ont une meilleure performance diagnostique chez les patients qui ont une suspicion d’infection sur prothèse au genou, par rapport à l’infection sur prothèse de la hanche.

    Il s’agit de la plus grande étude prospective évaluant la performance de différents tests de laboratoire pour une suspicion d’infection sur prothèse articulaire. Les résultats soutiennent la valeur diagnostique de la mesure des D-dimères. Les auteurs discutent des limites possibles des études précédentes qui ont mis en doute la valeur diagnostique des D-dimères. Ils soulignent la nécessité d'études complémentaires et notent qu'aucun seuil de diagnostic universel ne peut être fixé, en raison des variations connues dans la mesure des D-dimères.

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