Onco-sein
Cancer du sein : mieux évaluer le risque de récidive controlatérale pour adapter la surveillance
Des chercheurs de la Mayo Clinic ont réalisé une étude sur les marqueurs génétiques qui permet d’identifier les femmes ayant souffert d’un cancer du sein et qui ont un risque de récidive controlatérale deux fois plus élevé
- LarsZahnerPhotography/istock
Selon une étude menée par le Mayo Clinic Comprehensive Cancer Center, les femmes atteintes d'un cancer dans un sein peuvent avoir un risque plus élevé de développer un cancer dans le sein opposé si elles sont porteuses de modifications génétiques spécifiques qui les prédisposent à développer un cancer du sein amis le niveau de risque n’avait pas été validé ni quantifié.
Les femmes chez qui un cancer du sein a été diagnostiqué et qui sont porteuses de variants germinaux pathogènes BRCA1, BRCA2, CHEK2 ou PALB2 ont un risque considérablement accru de cancer du sein controlatéral et pourraient bénéficier d'une surveillance renforcée et de stratégies de réduction des risques.
Selon les auteurs de l'étude, les résultats, publiés dans le Journal of Clinical Oncology, devrait permettre de personnaliser le traitement du cancer du sein et de mieux évaluer risque de cancer controlatéral.
Une analyse sur plus de 15 000 cancers du sein
La population étudiée comprenait 15 104 femmes suivies prospectivement dans le cadre de l'étude du consortium CAnceR Risk Estimates Related to Susceptibility (CARRIERS), traitées par chirurgie ipsilatérale pour un cancer du sein invasif. Le risque de cancer du sein controlatéral a été estimé pour les porteuses de variants pathogènes dans chaque gène par rapport aux femmes sans variants pathogènes dans une analyse de régression multivariée à risque proportionnel tenant compte du risque de décès et en ajustant sur les caractéristiques des patientes et des tumeurs.
Les analyses primaires ont porté sur l'ensemble de la cohorte et sur les femmes de la population générale. Des analyses secondaires ont examiné les associations en fonction de l’ethnie, de l'âge au moment du diagnostic primaire du cancer du sein, du statut ménopausique et du statut des récepteurs d'œstrogènes (ER) de la tumeur.
Les mutations germinales BRCA1, BRCA2 ou CHEK2 à risque
La plupart des patientes atteintes d'un cancer du sein et porteuses de mutations germinales supposent qu'elles ont un risque élevé de développer un cancer dans le sein opposé. Si cela est vrai pour les porteuses de mutations BRCA1/2 atteintes d'un cancer du sein, le risque de cancer du sein controlatéral chez les porteuses de mutations germinales d'ATM, CHEK2 ou PALB2 n'avait pas été établi auparavant. Même pour les porteuses de BRCA1/2, une évaluation complète du risque de cancer du sein controlatéral en fonction de l'âge, du statut des récepteurs d'œstrogènes, du statut ménopausique et de l'effet du traitement du cancer du sein initial n'avait pas été entreprise.
Les chercheurs ont constaté que les patientes porteuses d'une mutation germinale BRCA1, BRCA2 ou CHEK2 ont un risque au moins deux fois plus élevé de développer un cancer du sein controlatéral. En revanche, les patientes porteuses de mutations ATM germinales n’auraient pas un risque significativement plus élevé de cancer du sein controlatéral. Chez les porteuses du gène PALB2, le risque de cancer du sein controlatéral n'était significativement élevé que chez les patientes avant un cancer à récepteurs d'œstrogènes négatifs.
Mieux adapter la surveillance après le traitement initial
« Il s'agit des premières données en population pour ces trois gènes autres que BRCA1/2 », déclare le Dr Fergus Couch, chercheur sur le cancer du sein au Mayo Clinic Comprehensive Cancer Center et premier auteur de l'étude CARRIERS. « C'est également l'une des plus grandes études à fournir des estimations du risque de cancer du sein controlatéral en fonction de l'âge au moment du diagnostic, du statut ménopausique et de la race/ethnicité chez les porteurs de mutations germinales. »
« Les résultats révèlent des informations importantes qui contribueront à une évaluation personnalisée du risque de cancer du sein controlatéral chez nos patientes porteuses de mutations germinales », déclare le Dr Siddhartha Yadav, oncologue médical, au Mayo Clinic Comprehensive Cancer Center et coauteur. « Disposer de ce niveau de détail permettra d'orienter les décisions entre les patientes et leurs équipes de soins sur le dépistage approprié et les mesures à prendre pour réduire le risque de cancer du sein controlatéral, sur la base d'estimations du risque plus précises et individualisées. »