Cardiologie
Covid-19 : risque de myocardite bien supérieur après une infection qu’après la vaccination
Le risque de myocardite serait sensiblement plus élevé dans les quatre semaines suivant une infection par la Covid-19 qu'après une première dose de vaccin contre la Covid-19.
- Dr_Microbe/istock
Plusieurs études ont mis en évidence un lien possible et un risque potentiellement augmenté de myocardite après un vaccin Covid-19 à ARNm.
Dans une analyse détaillée sur près de 43 millions de personnes, âgées de 13 ans et plus, ayant reçu au moins une dose de vaccin contre la Covid-19 en Angleterre, le risque de myocardite chez les personnes non vaccinées après une infection Covid-19 serait au moins 11 fois plus élevé que chez les personnes ayant reçu un vaccin contre la Covid-19 ou une dose de rappel. Ce sont les résultats d’une nouvelle étude publiée dans la revue Circulation.
Risque 11 fois supérieur après infection
Dans l’analyse portant sur l'ensemble des données de près de 43 millions de Britanniques, moins de 3 000 personnes (n=2 861), soit 0,007%, ont été hospitalisées ou sont décédées d'une myocardite pendant la période d'étude d'un an en 2021. Parmi ces cas de myocardite, 617 sont survenus durant les 28 premiers jours après une vaccination contre la Covid-19, dont 514 ont été hospitalisés.
Les personnes qui avaient été infectées par la Covid-19 avant toute vaccination auraient donc 11 fois plus de risque de développer une myocardite au cours des 28 jours suivant un test positif à la Covid-19.
Le risque de myocardite lié à l'infection par la Covid-19 serait réduit de moitié chez les personnes infectées après la vaccination (ayant reçu au moins une dose d'un vaccin covid-19). Le risque de myocardite lié à une infection Covid-19 est surtout important chez les personnes de plus de 40 ans et celui associé à une vaccination est plus important avant 40 ans, en particulier chez les hommes.
Une base de données nationale
Dans cette étude, l'analyse a porté sur la base de données nationale de l'Angleterre sur les vaccins contre la Covid-19 pour toutes les personnes âgées de 13 ans ou plus qui avaient reçu au moins une dose de ChAdOx1 (un vaccin à vecteur adénovirus mis au point par l'Université d'Oxford et AstraZeneca, très similaire au vaccin de Johnson & Johnson/Janssen), du vaccin Pfizer-Belgique et du vaccin Covid-19 à vecteur adénovirus. ), le vaccin Pfizer-BioNTech ou le vaccin Moderna Covid-19 (vaccins à ARNm) entre le 1er décembre 2020 et le 15 décembre 2021.
Cet ensemble de données comprenait près de 43 millions de personnes, dont plus de 21 millions avaient reçu une dose de rappel de l'un des vaccins Covid-19 (ce qui signifie qu'elles avaient reçu un total de 3 doses d'un vaccin Covid-19). La base de données détaillait le type de vaccins Covid-19 reçus, les dates de réception et la séquence des doses, ainsi que des informations démographiques individuelles, notamment l'âge et le sexe de chaque personne. Près de 6 millions de personnes ont été testées positives à l'infection au Covid-19, soit avant, soit après la vaccination au Covid-19 pendant la période d'étude.
Une myocardite rare
Généralement déclenchée par une infection virale, la myocardite correspond à l'inflammation de la couche intermédiaire de la paroi du muscle cardiaque, le myocarde. Cette affection est peu fréquente et, hors pandémie mondiale, on estime qu'environ 10 à 20 personnes sur 100 000 sont diagnostiquées avec une myocardite chaque année dans la population générale, selon une publication de l'American Heart Association en 2021 sur la myocardite.
Cette étude permet de préciser que les myocardites restent rares, tant après une vaccination qu’après une infection, et sont à mettre en balance avec le niveau de risque induit par les formes graves de la Covid-19. Dans l'ensemble, le risque de myocardite est plus élevé après une infection par le SARS-CoV-2 qu'après la vaccination par ll Covid-19 et reste modeste après des doses séquentielles, y compris une dose de rappel du vaccin à ARNm BNT162b2. Cependant, le risque de myocardite après la vaccination est plus élevé chez les hommes plus jeunes, en particulier après une deuxième dose du vaccin à ARNm-1273.