Pédiatrie
Maladie de Kawasaki : un facteur déclencheur d’origine respiratoire
Une diminution significative des cas de maladie de Kawasaki a été observée en 2020 aux États-Unis, pendant le confinement lié à la Covid-19. Cela suggère que le comportement social serait associé à l'exposition à l'agent qui déclenche la maladie de Kawasaki et à une porte d'entrée respiratoire.
- Dzmitry Dzemidovich/istock
Selon une étude, publiée dans JAMA Network Open Pediatrics, les cas de maladie de Kawasaki auraient chuté de 28% en 2020 aux États-Unis et seraient restés bas pendant toute la période aiguë de la pandémie. Cette baisse du nombre d’enfants touchés par la maladie est contemporaine à la fermeture des écoles, à l’imposition du port du masque, à la diminution de la pollution de l'air ambiant et à la réduction de la circulation des virus respiratoires.
Les cas de maladie de Kawasaki ont rebondi au printemps 2021, coïncidant avec la levée des obligations de port du masque et le retour de la scolarisation en présenciel.
Une maladie d’origine mystérieuse
La maladie de Kawasaki continue poser des problèmes étiologiques aux pédiatres, car son ou ses déclencheurs exacts et son mode d'entrée dans l'organisme n'ont pas encore été identifiés. Contrairement à la Covid-19, la maladie de Kawasaki n'est pas contagieuse.
Cependant, la découverte que les mesures de restriction contre le coronavirus ont permis de réduire le nombre de cas de maladie de Kawasaki suggère que son, ou ses, déclencheurs seraient également inhalés dans les voies respiratoires supérieures. Selon les auteurs, cette découverte, une fois validée, pourrait avoir un impact majeur sur la recherche et la prévention de la maladie de Kawasaki.
Une dynamique particulière
Il y a eu une baisse considérable des cas de maladie de Kawasaki, mais contrairement à d'autres maladies infectieuse respiratoires pendant la période du pic des restrictions, elle n'a pas complètement disparu, et la dynamique n’a pas été la même pour tous les sous-ensembles de patients.
Les taux de maladie de Kawasaki sont généralement plus élevés chez les garçons et les enfants asiatiques, et le nombre des cas a connu une baisse particulièrement importante dans ces groupes pendant la pandémie. Les enfants âgés de un à cinq ans ont également connu une baisse très importante. Cette baisse est d’autant plus notable si on la compare à celle des nourrissons, pour lesquels le taux d'infection n'a pas changé de manière significative au cours de cette période.
Selon les auteurs, cela s'expliquerait par le fait que le comportement des nourrissons n'a pas été affecté de manière aussi importante par la pandémie, par rapport à celui des enfants plus âgés dont les activités et expositions ont changé de manière plus spectaculaire.
Les modèles suggèrent que le comportement social affecte l'exposition à l'agent ou aux agents qui déclenchent la maladie de Kawasaki, et sont cohérents avec une porte d'entrée respiratoire.
Une maladie acquise des enfants de 1 à 5 ans
La maladie de Kawasaki est la maladie cardiaque acquise la plus courante chez les jeunes enfants. En l'absence de traitement, un quart des patients développent des anévrismes coronariens qui peuvent entraîner des infarctus du myocarde, une insuffisance cardiaque congestive ou une mort subite.
Les symptômes pédiatriques comprennent de la fièvre, des adénopathies cervicales, une éruption cutanée avec rougeur et desquamation péri-unguéale touchant les mains et les pieds, des yeux rouges et une langue framboisée. Si la maladie de Kawasaki touche moins de 6 000 enfants aux États-Unis chaque année, le taux d'incidence dans le comté de San Diego est en hausse.
Une véritable expérimentation naturelle
« La pandémie a fourni une expérimentation naturelle incroyable dont nous étions prêts à tirer parti », a déclaré l'auteur principal, le Pr Jane C. Burns, directeur du centre de recherche sur la maladie de Kawasaki à la faculté de médecine de San Diego et pédiatre à l'hôpital pour enfants Rady de San Diego.
« La maladie de Kawasaki peut être causée par un virus, un polluant, un aérosol microbien ou l’ensemble de ces éléments », a déclaré le Pr Burns. « Le fait que la pandémie ait affecté différemment chaque groupe d'âge supporte l'idée qu'il existe de multiples déclencheurs de la maladie de Kawasaki, et que différents enfants développeraient la maladie après avoir été exposés à différents déclencheurs. »
Pour mémoire, une équipe de chercheurs américains avait identifié un nouveau virus, un hepacivirus, qui pourrait être en cause dans cette mlaladie.