Médecine interne
HTA : le dépistage chez la femme à trois périodes clés de la vie hormonale
L’hypertension artérielle chez la femme, principale porte d’entrée dans le risque cardiovasculaire, doit être mieux dépistée et mieux traitée. Notamment à l’occasion des consultations pour contraception, lors d’une grossesse et enfin à la ménopause.
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En matière d’HTA chez la femme, la situation s’est dégradée au cours de ces dernières années, comme l’a souligné l’étude ESTEBAN menée par Santé Publique France, publiée dans le BEH en 2018. Entre 2006 et 2018, on a en effet observé une augmentation du niveau moyen de la pression artérielle chez les femmes, parallèlement à une augmentation de la prévalence de la surcharge pondérale et de l’obésité. La proportion de femmes hypertendues traitées par antihypertenseurs a quant à elle diminué au cours de cette période, faisant mécaniquement baisser celle des femmes ayant une HTA traitée et contrôlée, de 36,1% à 29,5% des hypertendues.
Or, « l’HTA constitue la principale porte d’entrée dans le risque cardiovasculaire », rappelle le Pr Claire Mounier-Vehier, cardiologue et professeur de médecine vasculaire au CHRU de Lille. L’HTA est le premier facteur de risque d’accident vasculaire cérébral et d’insuffisance cardiaque à fraction d’éjection ventriculaire gauche préservée, très difficile à traiter, elle favorise la survenue d’une fibrillation atriale. Sans compter d’autres complications plus vasculaires, comme la dissection aortique.
L’HTA survient avec une fréquence accrue à trois périodes clés de la vie hormonale des femmes, qui constituent autant d’opportunités pour son dépistage et sa prise en charge.
Consultations pour contraception
La première période de la vie hormonale propice au dépistage : les consultations pour contraception, notamment en cas de contraception hormonale faisant appel à des estro-progestatifs. Même si l’HTA est globalement peu fréquente avant l’âge de 50 ans, encore moins chez la femme que chez l’homme, la pression artérielle doit systématiquement être mesurée avant toute initiation de contraception puis à chaque renouvellement d’ordonnance. C’est d’ailleurs l’une des recommandations du consensus d’expert « HTA, hormones et femmes » de la Société française d’HTA.
La survenue d’une HTA sous contraception hormonale concerne en effet de 10 à 15 % des femmes, avec une incidence qui s’accroit avec l’âge.
La grossesse, période à risque
Deuxième période de la vie hormonale propice au dépistage : la grossesse, en particulier aux 2ème et 3ème trimestres, avec là aussi de 10 à 15% des femmes concernées. Au-delà des complications immédiates maternelles et fœtales (avec le risque de pré-éclampsie), la survenue d’une HTA au cours d’une grossesse expose à un risque ultérieur accru d’HTA.
Il est donc impératif de faire un bilan précis et de surveiller les valeurs tensionnelles au long cours, comme le propose le consensus d’experts « HTA et grossesse » de la SFHTA.
Une femme sur deux après la ménopause
Enfin l’entrée dans la ménopause est une autre période clé, puisque le risque d’HTA chez la femme, auparavant moindre, rejoint celui de l’homme, pour le dépasser au cours de la 7ème décennie.
« Après 50 ans, une femme sur deux a des valeurs tensionnelles trop élevées », note le Pr Mounier-Vehier, avant de rappeler les valeurs seuils de pression artérielle : inférieure à 140/90 mm Hg pour la mesure en consultation (au moins 3 mesures répétées avec un appareil automatique, si possible en l’absence du médecin ou d’une infirmière) et supérieure à 135/85 mm Hg pour la mesure à domicile (moyenne de 3 mesures matin et soir pendant 3 jours).
Dépister, traiter et accompagner
Lorsqu’elle est dépistée, l’HTA peut alors être traitée et contrôlée grâce à un arsenal thérapeutique large, sans différence d’efficacité des traitements antihypertenseurs selon le sexe.
Les mesures hygiéno-diététiques sont très importantes dans le contrôle de ce facteur de risque qui dépend à 80 % de facteurs environnementaux : sédentarité, consommation de sel, prise de certains médicaments (éthinylestradiol, anti-inflammatoires non stéroïdiens...), obésité, alcool et tabac.
Soigner son mode de vie fait ainsi partie intégrante de la prévention et de la prise en charge de l’HTA.