Infectiologie
Covid-19 et poids : risque accru de formes sévères même en cas de forme modérée d'obésité
Si l’obésité morbide est bien identifiée comme facteur de risque de formes sévères de la Covid-19, il apparaît que les formes plus modérées d’obésité sont aussi à risque.
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Le risque de gravité de la maladie et de décès au cours de la Covid-19 est plus élevé chez les personnes qui ont un indice de masse corporelle (IMC) correspondant à une obésité, même modérée. Ce sont les résultats d’une étude qui est publiée dans le European Journal of Endocrinology.
Les résultats de cette étude montrent qu’un IMC supérieur à 30 est déjà associé à un risque significativement plus élevé d'insuffisance respiratoire, d'admission en soins intensifs et de décès chez les malades Covid-19, et ce indépendamment de l'âge, du sexe et des autres maladies associées.
Une étude rétrospective sur près de 500 malades
Une équipe de médecins de l'Université Alma Mater Studiorum de Bologne en Italie, a analysé les données de près de 482 malades Covid-19 hospitalisés successivement dans leur hôpital. Une fois de plus, ils ont constaté que l'obésité morbide est associée à une élévation significative du risque de gravité et de décès. Mais, dans cette étude, il apparaît que tout IMC supérieur à 30 est associé à ce pronostic péjoratif.
Selon le Dr Matteo Rottoli, de l'Université Alma Mater Studiorum de Bologne : « Notre étude a montré que tout degré d'obésité est associé à une forme grave de la Covid-19 et suggère que les personnes souffrant d'obésité légère devraient également être identifiées comme une population à risque ».
Un risque associé à l’obésité
L'association entre un IMC élevé et une forme grave de la Covid-19 est forte mais la cause reste à expliquer. Une réponse immunologique altérée aux infections virales, des perturbations de la fonction pulmonaire et des états inflammatoires chroniques liés à l'obésité ont tous été suggérés comme étant le lien possible. « Notre hypothèse est que les résultats de l'infection au SARS-CoV-2 dépendent du profil métabolique des patients et que l'obésité, intriquée avec le diabète et un syndrome métabolique, sont également impliqués », a déclaré le Dr Rottoli.
Chez les personnes obèses, la graisse viscérale produit des composés pro-inflammatoires et chimiotactiques et est infiltrée par des macrophages, des lymphocytes et des cellules sénescentes chez les personnes âgées avec un phénotype sécrétoire associé à la sénescence qui contribue à l'inflammation. Les mécanismes sous-jacents à l'inflammation comprennent l'instabilité génomique, la sénescence cellulaire, le dysfonctionnement des mitochondries, les modifications de la composition du microbiote, l'activation de l'inflammasome NLRP3, le dérèglement primaire des cellules immunitaires et les infections chroniques.
« L’autre » pandémie
L'obésité est une épidémie croissante à travers le monde qui est associée à de nombreuses maladies et à un risque accru de décès. Depuis le début de la pandémie Covid-19, plusieurs études ont mis en évidence l’implication de l'obésité comme facteur de risque de formes graves de l'infection à SARS-COV-2 et de décès.
Les recommandations pour identifier les personnes les plus à risque d’évolution péjorative au cours de cette infection sont actuellement fixées à un IMC de 40 et plus aux Etats-Unis et au Royaume Unis. Toutefois, ces recommandations sont basées sur des études de moindre envergure et des données limitées, étant donné le caractère encore récent de la pandémie à SARS-COV-2.
Le seuil de risque lié à l'IMC devrait donc être réévalué afin de s'assurer d’identifier toutes les personnes à haut risque d'infection grave et d'éviter de sous-estimer l'impact potentiel de l'infection par le SARS-CoV-2 sur la population, en particulier dans les pays occidentaux où les taux d'obésité sont plus élevés.