Opinion
Haut les masques ! (même ceux en tissu)
Le débat actuel sur les masques comme outil dans la lutte contre la Covid-19 est parti sur de mauvaises bases.
- Popartic/istock
Dans la polémique qui entoure l’utilité du port d’un masque pour enrayer l’épidémie de CoViD-19, il est très irritant de voir les « experts » et le monde médical ne baser leur discours que sur la capacité de FILTRATION des masques (« FFP2 », chirurgicaux, …, etc). La « particule » de SarS-CoV-2 (le virus) est une sphère d’un diamètre approximatif de 125 nanomètre, soit 0.125 micron. Il est évident que la fabrication de masques imperméables à des objets aussi petit (10 fois plus petit que la plupart des bactéries) mais permettant la respiration est du ressort de processus industriels élaborés.
MAIS l’intérêt hygiénique et sociale du port du masque ne tient PAS à sa qualité microbiologique (sa capacité à arrêter chaque particule), mais à sa capacité à modifier le flux de l’air exhalé par la bouche (quand on tousse et parle) et par le nez (quand on respire ou qu’on éternue). C’est un problème de mécanique des fluides, pas de microbiologie. La superbe vidéo Utube ci-dessous illustre mieux qu’un long discours l’effet du port d’un masque :
En plus de rediriger le flux d’air, un masque, quel que soit sa nature servira aussi à protéger son porteur en épongeant les fameuses « gouttelettes » porteuses de virus qui pourraient l’atteindre (de l’intérieur comme de l’extérieur).
En résumé, les masques capable d’arrêter les particules de virus, ne sont véritablement nécessaire qu’au sein d’une atmosphère dans laquelle flotte en permanence des particules (ex : salles de soin), ce qui n’est heureusement pas le cas dans l’air que nous respirons en allant faire nos courses. En ce qui concerne la vie sociale, faire en sorte que le flux d’air exhalé par notre voisin (éventuellement porteur du virus) ne nous atteigne pas, doit être notre préoccupation. La meilleure solution pour cela, est qu’il porte un masque même très artisanal. Et tant que nous ne savons pas si nous sommes nous-même porteurs (en l’absence de test), nous lui devons la réciprocité, et donc en porter un aussi.
Pr Jean-Michel Claverie
PU-PH émérite, Aix-Marseille Université/APHM
Section CNU 46-04 « biostatistiques, informatique médicale et technologies de communication »
Membre du CA de la Société Française de Virologie au 30 mars 2020