Cardiologie
Coronavirus : 1ers cas d'intoxication à l'hydroxychloroquine signalés
Présentée comme la potentielle solution-miracle face au Covid-19, l'hydroxychloroquine a provoqué des troubles du rythme cardiaque en auto-médication chez plusieurs patients dont certains se sont avérés fatals.
- stigalenas/iStock
L'hydroxychloroquine n’en finit plus de diviser la communauté scientifique. Des cas de personnes atteintes de troubles du rythme cardiaque à cause d’un traitement à l'hydroxychloroquine pour soigner du Covid-19 ont été recensés.
Des résultats qui interviennent alors que l’équipe du professeur Didier Raoult, directeur de l’institut hospitalo-universitaire (IHU) de Marseille, a récemment dévoilé les conclusions de sa deuxième étude sur l’hydroxychloroquine associée à l'azithromycine, 2 molécules connues pour allonger le QT.
Des cas d'arrêts cardiaques
Plusieurs médecins ont rapporté des cas de patients atteints de troubles du rythme cardiaque après un traitement à base d’hydroxychloroquine, utilisée pour traiter les infections de la Covid-19. "Des cas de toxicité cardiaque ont été signalés dans la région à la suite de prises en automédication de Plaquenil (hydroxychloroquine) face à des symptômes évocateurs de Covid-19, ayant parfois nécessité une hospitalisation en réanimation", a rapporté l'agence régionale de santé de Nouvelle-Aquitaine dimanche 29 mars.
Un signalement qui fait écho aux propos du pharmacien d'un grand CHU français, correspondant du Centre de pharmacovigilance de sa région, qui a lancé l'alerte vendredi 27 mars auprès de médecins infectiologues et pharmaciens de son établissement. "Des cas de patients Covid-19 positifs présentent, sous hydroxychloroquine associée ou non à l'azithromycine (un antibiotique, NDLR), des troubles du rythme ou de la conduction cardiaque, des arrêts cardiaques dans d'autres centres hospitaliers français."
[#COVID2019] Situation au 29 mars
— ARS Nouvelle-Aquitaine (@ARS_NAquit) March 29, 2020
???? Mesures de prévention et prise en charge chez les gens du voyage
???? Automédication hydroxychloroquine et risque de toxicité cardiaque ⚠️
???? 163 nouveaux cas confirmés, 558 hospitalisés, 58 décès
???? Lire le communiqué : https://t.co/R3qE7Hx2AR pic.twitter.com/yKyYL83Wst
L'hydroxychloroquine ne peut être utilisé que sur prescription par un médecin et à l'hôpital, comme l’a autorisé récemment le gouvernement. Ces dernières semaines, de nombreux témoignages ont fait état d’une utilisation en auto-médication de ce traitement alors que des résultats complémentaires sont attendus sur son effcacité et les potentiels effets secondaires (rapport bénéfice-risque). Concernant les patients qui ont subi des problèmes cardiaques, le pharmacien a indiqué au Point que "ces cas sont en cours d’évaluation" et "seront ensuite transmis à l'ANSM (Agence nationale de sécurité des médicaments)."
Un traitement à éviter dans de nombreux cas
Pour rappel, les traitements à base de chloroquine, utilisés initialement comme traitement antipaludéens, et d'hydroxychloroquine, utilisé comme immunomodulateurs dans les rhumatismes inflammatoires, sont déconseillés dans plusieurs cas et, comme leur toxicité cardiaque est dose dépendante, un électrocardiogramme doit être réalisé avant afin de dépister les personnes qui ont déjà un QT supérieur à 500 ms, une précaution d'emploi majeure à l'usage de ces médicaments.
De plus, chez les personnes atteintes de maladies cardiaques, de diabète, d'insuffisance rénale, d’épilepsie, de maladie de Parkinson, de taux potassium ou de calcium bas dans le sang et de porphyrie, l’utilisation de chloroquine est fortement déconseillée. Chez la femme enceinte, le traitement est discuté. Les personnes qui prennent d’autres médicaments comme le citalopram et l'escitalopram, des antidépresseurs (Seropram, Seroplex…), l'hydroxyzine anxiolytique et antiallergique contenue comme l’Atarax ou la dompéridone contre les nausées et vomissements, doivent également éviter ce traitement.
Des recommandations sur l'utilisation de l'hydroxychloroquine ont été émises par le Réseau Français des Centres Régionaux de Pharmacovigilance