Pneumologie
Asthme : le rôle indiscutable des hormones sexuelles
Les hormones sexuelles ont un rôle dans la survenue d'un asthme chez la femme et ceci pourrait expliquer le déséquilibre de prévalence entre les deux sexes. L’effet protecteur des hormones sexuelles existe mais par un mécanisme encore mal connu. D’après un entretien avec Agnès Hamzaoui.
Une étude américaine parue en septembre 2019, dans le Journal of Respiratory Critical Care Medicine a cherché à montrer le rôle des hormones sexuelles dans l’asthme. Une cohorte de 7615 adultes a été observée sur leurs critères d’asthme et sur les taux sériques de testostérone et d’oestradiol. Il s’agit d’une étude transversale, réalisée entre 2015 et 2016, en analysant séparément les hommes (3953 cas) et les femmes (3662 cas).
Un effet protecteur de la testostérone et de l’oestradiol
Le professeur Agnès Hamzaoui, pneumologue à l’hôpital d’Ariana, explique qu’il existe probablement un rôle des hormones sexuelles dans la différence de prévalence de l’asthme entre les deux sexes. En effet, la prévalence est plus élevée chez le garçon et la sévérité de l’asthme est plus importante chez la femme. D’autre part, l’obésité joue également un rôle dans ces différences, laissant supposer un effet protecteur de la testostérone et de l’oestradiol. Elle précise que, dans cette étude, dont l’avantage est d’avoir inclus un grand nombre de sujets, la fréquence de l’asthme diminue chez les femmes ayant un taux de testostérone élevé. Il semble que chez la femme obèse les deux hormones aient un effet protecteur contre l’asthme.
Mais encore beaucoup de questions sur ce mécanisme…
Agnès Hamzaoui précise que ces résultats sont difficiles à expliquer, la plus faible prévalence de l’asthme au cours de l’obésité laissant perplexe. Elle émet l’hypothèse qu’il pourrait y avoir un rôle des hormones dans la diminution de l’inflammation éosinophilique ou neutrophilique mais sans certitude. Elle pose également la question de l’existence possible d’une corrélation avec les traitements hormonaux substitutifs et la contraception orale, puisque les femmes âgées sous traitement hormonal substitutif ont une meilleure fonction respiratoire que les autres.
En conclusion, le rôle protecteur de l’oestradiole et de la testostérone chez l’homme non obèse et chez la femme obèse est démontré mais d’autres études sont nécessaires pour expliquer par quel mécanisme cet effet a lieu…