Pédiatrie
Infections respiratoires de l’enfant : les probiotiques réduiraient la durée de la fièvre
Chez les enfants souffrant d'infections des voies respiratoires supérieures (IVRS), l’administration quotidienne d’une mixture de probiotiques (Bifidobacterium breve M-16V, Bifidobacterium lactis HN019 et Lactobacillus rhamnosus HN001) réduirait la durée de la fièvre de 2 jours, sans problème notable de sécurité.

- Siarhei SHUNTSIKAU/istock
Les infections des voies respiratoires supérieures de l’enfant représentent plus de 90 % des infections respiratoires dans la population pédiatrique, conduisant à un recours fréquent aux consultations, notamment en présence de fièvre. Bien qu’habituellement bénignes, ces infections peuvent perturber l’état général des enfants et accroître l’utilisation, la plupart du temps inappropriée, d’antibiotiques. Compte tenu du lien entre le microbiote intestinal et la régulation immunitaire, l’utilisation de probiotiques a suscité un intérêt croissant dans la prise en charge des infections respiratoires de l’enfant.
Dans l’essai clinique randomisé, rapporté dans le JAMA Network Open, 128 enfants (28 jours à 4 ans) fébriles (≥ 38,5 °C) avec une infection des voies respiratoires supérieures ont reçu soit un mélange probiotique (Bifidobacterium breve M-16V, B. lactis HN019, L. rhamnosus HN001) 0,5 mL/jour pendant 14 jours, soit un placebo de volume identique. Le critère principal concernait la durée de la fièvre, définie entre le premier et le dernier jour fébrile.
Au terme de l’étude, le groupe probiotique a présenté une réduction médiane de 2 jours (3 jours [IQR 2–4] vs 5 jours [4–6] pour le placebo ; RR ajusté = 0,64 ; IC à 95 % [0,51–0,80]). Ainsi, les enfants ont récupéré plus tôt de leur épisode fébrile, sans affecter négativement l’évolution globale de l’infection.
Pas d'effet sur la consommation d'antibiotique dans cette petite étude
En plus de raccourcir la fièvre, le mélange probiotique n’a pas significativement modifié l’incidence de la diarrhée associée aux antibiotiques ni le taux de prescription d’antibiotiques après le passage aux urgences. Quelques effets indésirables mineurs ont été rapportés, constipation (16 % vs 12 %) et douleurs abdominales (8 % vs 4 %) dans les groupes probiotique et placebo respectivement, sans différence statistiquement significative (p > 0,65).
L’hypothèse que ce type de probiotiques puisse réduire la durée ou la sévérité d’autres symptômes respiratoires n’est pas confirmée dans cette étude, même si des travaux antérieurs suggèrent de possibles mécanismes immunomodulateurs via la stimulation des macrophages et la régulation de médiateurs inflammatoires (IL-1, IL-6, TNF). Fait notable, l’effet positif sur la fièvre est resté constant après prise en compte de l’âge, du sexe et de l’utilisation d’antibiotiques. Ces résultats contrastent avec certaines études antérieures plus hétérogènes ou de taille modeste, dont les conclusions restaient indécises quant à l’efficacité des probiotiques en traitement curatif des infections des voies respiratoires supérieures.
Une étude randomisée et en double aveugle sur une mixture de probiotiques
L’essai, réalisé dans un service d’urgences pédiatriques unique (Milan, Italie), a inclus tous les enfants répondant aux critères (URTI fébrile, 28 jours à 4 ans), en excluant les pathologies auto-immunes, l’immunodépression et l’usage récent de probiotiques. Les parents, investigateurs et participants ignoraient l’attribution de groupe, préservant ainsi la qualité méthodologique (randomisation, double insu). Cette approche reflète la pratique de routine, bien que la fièvre ait été principalement suivie à domicile (pour laquelle les familles ont reçu un protocole de mesure standardisé).
Selon les auteurs, ces données supportent l’idée qu’un recours à la supplémentation probiotique peut être envisagé pour raccourcir la durée de la fièvre chez des enfants par ailleurs sains. L’impact potentiel sur la prescription d’antibiotiques ou d’autres critères (tels que l’absentéisme scolaire) mériterait d’être exploré à plus grande échelle. De futures études multicentriques, incluant un échantillon de patients plus vaste et éventuellement un suivi microbiologique plus détaillé, permettraient de confirmer la robustesse de ces résultats et d’évaluer les mécanismes sous-jacents. À plus long terme, la combinaison de probiotiques ciblés avec d’autres stratégies de soutien immunitaire pourrait ouvrir la voie à un changement de paradigme dans la gestion des épisodes fébriles de courte durée chez l’enfant, limitant l’utilisation de traitements injustifiés.