Rhumatologie
Fractures péri-prothétiques du fémur : une incidence sous-estimée après PTH
Une étude nationale britannique révèle que les fractures péri-prothétiques du fémur après prothèse totale de hanche sont plus fréquentes qu'on ne le pensait, représentant la principale cause de réintervention majeure après PTH. Ces fractures, souvent graves, imposent une amélioration de leur prévention et de leur prise en charge.
- Christoph Burgstedt/istock
Les fractures péri-prothétiques du fémur (FPPF) constituent une complication sérieuse et redoutée après une prothèse totale de hanche (PTH), nécessitant souvent une chirurgie complexe. Jusqu'à présent, l'incidence réelle de ces fractures était probablement sous-estimée, car les données se concentraient principalement sur les révisions prothétiques.
Une étude récente menée en Angleterre, et publiée dans PLoS Medicine révèle que ces fractures sont en réalité plus fréquentes, devenant ainsi la principale cause de réintervention majeure après une PTH, devant les luxations, les infections et les descellements aseptiques.
Une fréquence largement sous-estimée
En analysant de manière rétrospective les données combinées du National Joint Registry (NJR) et des Hospital Episode Statistics (HES) entre 2004 et 2020, les chercheurs ont inclus 809 832 patients ayant reçu une PTH, totalisant plus de 5,5 millions de prothèses-années de suivi. Ils ont identifié 5 100 cas de fractures péri-prothétiques du fémur, traitées chirurgicalement, dont 2 831 (soit 56 %) ont été traitées par fixation interne sans révision de la prothèse. Ces cas auraient été manqués par les estimations antérieures basées uniquement sur les révisions. L'incidence globale des fractures péri-prothétiques du fémur nécessitant une intervention chirurgicale est de 0,92 pour 1 000 prothèses-années (IC à 95 % : 0,90 à 0,95).
Cette incidence est plus élevée chez les patients de plus de 70 ans au moment de la PTH (1,31 pour 1 000 prothèses-années) et chez ceux opérés pour fracture de la hanche (2,19 pour 1 000 prothèses-années). De plus, après un pic initial, l'incidence semble augmenter au fil des ans. La probabilité cumulée de survenue d'une fractures péri-prothétiques du fémur dans les 10 ans suivant une PTH est de 1 %. Les conséquences sont graves, avec plus de 15 % des patients décédant dans l'année suivant la chirurgie pour fractures péri-prothétiques du fémur, et une durée moyenne d'hospitalisation dépassant deux semaines, témoignant de la lourdeur de la prise en charge.
Une étude nationale de suivi des PTH
Les données de cette étude proviennent du couplage entre le National Joint Registry (NJR), qui est une base de données nationale obligatoire enregistrant plus de 95 % des PTH révisées, et les Hospital Episode Statistics (HES), qui enregistrent les données hospitalières en Angleterre. Cette méthodologie a permis d'identifier non seulement les fractures péri-prothétiques du fémur, traitées par révision, mais aussi celles traitées par fixation interne, offrant ainsi une vision plus complète de l'incidence réelle de ces fractures. Bien que robuste, l'étude présente certaines limites, notamment l'impossibilité d'identifier les fractures non opérées ou traitées en dehors du système hospitalier.
Néanmoins, les résultats soulignent l'importance de reconsidérer les stratégies de prévention des fractures péri-prothétiques du fémur, d'allouer des ressources supplémentaires pour leur prise en charge et de prioriser la recherche sur cette complication. Des travaux supplémentaires sont nécessaires pour comprendre leurs causes et déterminer si elles représentent une véritable fracture de fragilité ou si elles sont davantage liées à des causes mécaniques associées à l'implant. Les méthodes de prévention des fractures comme le traitement anti-ostéoporotique et la prévention des chutes peuvent s'avérer importantes et cela justifie des recherches plus approfondies.
Message à retenir : Les fractures péri-prothétiques du fémur après arthroplastie totale de hanche sont plus fréquentes et plus graves qu'on ne le pensait.