Rhumatologie

Lupus à risque : le mycophénolate mofétil d’emblée préviendrait les lésions d’organe

Chez les patients souffrant d'un lupus nouvellement diagnostiqué, avec un titre élevé d'anticorps anti-ADN natif et sans atteinte d'un organe majeur, une étude clinique randomisée montre que l’ajout précoce de mycophénolate mofétil (MMF) au traitement standard réduit le risque de poussées sévères et de néphropathie lupique.

  • fizkes/istock
  • 26 Sep 2024
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    Le lupus érythémateux systémique (LES) est une maladie auto-immune chronique caractérisée par la production d’auto-anticorps, notamment l’anticorps anti-ADN double brin (anti-ADN natif). Cet auto-anticorps est impliqué dans les exacerbations du LES et la néphropathie lupique (NL). Le traitement standard repose sur l’hydroxychloroquine et la prednisone, mais le risque de poussées sévères et de lésions d’organe reste un défi.

    Dans cette étude randomisée, menée sur 130 patients nouvellement diagnostiqués et avec un taux élevé d’anticorps anti-ADN natif, l’ajout de mycophénolate mofétil (MMF) au traitement de base réduirait significativement les risques de poussées sévères (10,8 % contre 27,7 % dans le groupe contrôle) et le développement de néphropathie lupique (1,5 % contre 13,8 %). Ces résultats suggèrent que le MMF pourrait être une option préventive efficace dans les premiers stades du lupus à risque, sans majorer le risque d’effets indésirables. Les résultats sont présentés dans The JAMA Network.

    Un suivi randomisé sur 96 semaines

    Parmi les 130 patients inclus dans l’étude (âgés en moyenne de 34,5 ans, dont 86,2 % de femmes), 65 ont reçu un traitement standard (hydroxychloroquine et prednisone), tandis que les autres ont également reçu du mycophénolate mofétil (500 mg, deux fois par jour).

    Après 96 semaines de suivi, les patients du groupe MMF ont eu moins de poussées sévères (7/65 [10,8 %] contre 18/65 [27,7 %] dans le groupe contrôle, p = 0,01) et une incidence plus faible de néphropathie lupique (1/65 [1,5 %] contre 9/65 [13,8 %], p = 0,008).

    En termes de tolérance, les événements indésirables liés au traitement, principalement des infections, sont similaires entre les deux groupes (33,8 % dans le groupe MMF contre 30,8 % dans le groupe contrôle). Aucun effet secondaire grave lié à l’utilisation du mycophénolate mofétil n’a été observé, confirmant la bonne tolérance du traitement.

    Les scores d’activité de la maladie (SLEDAI-2000) montrent une amélioration dans les deux groupes, passant de 9,4 et 11,2 au début de l’étude à environ 2,7 et 2,6 respectivement à la fin. Le mycophénolate mofétil a également permis d’atteindre un état de faible activité de la maladie chez 41,5% des patients, contre 35,4% dans le groupe contrôle. Malgré ces résultats, aucun avantage significatif n'a été observé en termes de qualité de vie globale, mesurée par le questionnaire SF-36, ni en termes de dommages d'organes (indice SDI).

    Une étude randomisée en double aveugle

    Cette étude multicentrique, randomisée et en double aveugle a été menée dans trois hôpitaux en Chine sur une période de 96 semaines. Les participants étaient des patients adultes atteints d’un lupus érythémateux systémique nouvellement diagnostiqués, avec des niveaux élevés d'anticorps anti-ADN natif et sans atteinte majeure d’organes. Tous les participants étaient naïfs de tout traitement de fond, ce qui a permis d'éviter les biais liés à des traitements antérieurs. L’évaluation de la maladie s’est basée sur des indices validés tels que le SELENA-SLEDAI pour les poussées, et les résultats ont été ajustés en fonction des niveaux initiaux de sévérité de la maladie.

    L'atteinte rénale a été signalée comme étant plus fréquente chez les patients qui ont une positivité persistante pour l'ADN natif que chez les patients souffrant d'une positivité initiale et de résultats négatifs ultérieurs ou de résultats négatifs persistants pour l'anticorps anti-ADN natif au cours de l'évolution de la maladie.

    Malgré les limites liées à la taille de l’échantillon et à la population exclusivement asiatique, les résultats offrent des perspectives prometteuses. Ils suggèrent que l’introduction précoce de MMF dans la prise en charge des lupus à risque d’atteinte d’organe pourrait prévenir la progression vers des complications rénales graves.

    Une étude de plus longue durée et dans des populations plus diversifiées est nécessaire pour confirmer ces conclusions et explorer davantage l’impact du MMF sur d’autres organes potentiellement affectés par le LES.

    Take-home message

    L’ajout précoce de mycophénolate mofétil au traitement standard du lupus érythémateux systémique réduit significativement les poussées sévères et l’apparition de néphropathie lupique, tout en maintenant une bonne tolérance. Ces résultats soutiennent une approche personnalisée et un traitement d’attaque dans les stades précoces du lupus érythémateux systémique à risque de néphropathie.

     

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