Seniors
Perte auditive et démence : le lien est plus fort qu'on ne le pensait
De nombreux cas de démence chez les seniors pourraient être attribuables à une perte de l’audition, un facteur de risque modifiable, selon des chercheurs.

- Par Stanislas Deve
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- Ridofranz / istock
Près d'un tiers des nouveaux cas de démence chez les personnes âgées pourraient être liés à une perte auditive, selon une vaste étude américaine impliquant plusieurs universités de renom, dont Columbia, Vanderbilt et Johns Hopkins. Ces résultats, publiés dans le JAMA Otolaryngology – Head & Neck Surgery, viennent relancer le débat sur l'importance de mieux diagnostiquer et traiter la perte de l’ouïe pour prévenir le déclin cognitif, en premier lieu la maladie d'Alzheimer.
Un facteur modifiable sous-estimé
Face à une prévalence de la démence qui devrait tripler dans les prochaines décennies, les chercheurs se penchent de plus en plus sur les facteurs de risque modifiables, comme la sédentarité, la malbouffe ou encore le tabagisme. La perte auditive, qui touche plus des deux tiers des seniors aux États-Unis (et aussi en France), semble être un maillon clé. "L'étude montre que 32 % des cas de démence pourraient être attribuables à une perte auditive mesurée de manière objective", expliquent ainsi les scientifiques dans un communiqué.
La force de cette recherche repose sur l'utilisation de tests auditifs objectifs (audiométrie) plutôt que sur de simples auto-évaluations. Car ces dernières, trop souvent employées dans le cadre d’études, tendent à sous-estimer les déficits réels. Sur les 2.946 participants âgés de 66 à 90 ans, 66,1 % présentaient une perte auditive significative. Durant le suivi, 9,9 % d'entre eux ont développé une démence, contre seulement 4,7 % des participants sans trouble auditif.
Des incertitudes statistiques ?
Les chercheurs précisent toutefois que les liens statistiques varient selon l'âge, le sexe ou l'origine ethnique, sans qu'une différence significative n'apparaisse. Chez les plus de 75 ans, jusqu'à 31 % des cas de démence pourraient être liés à une perte auditive, mais l'incertitude statistique demeure importante.
Et après ? Si cette étude ne prouve pas que traiter la perte auditive prévient la démence, elle souligne toutefois l'intérêt de mieux dépister ces troubles auditifs. Les auteurs recommandent ainsi "de favoriser les évaluations auditives objectives pour améliorer les estimations du risque". Faudrait-il intégrer systématiquement le test auditif dans les bilans médicaux des personnes âgées ?