Dopamine

Cannabis : des traces de psychose visibles dans le cerveau ?

Des chercheurs ont mis en évidence un lien entre la consommation excessive de cannabis et une accumulation anormale de dopamine dans le cerveau, un phénomène associé à un risque accru de psychose.

  • Alina Rosanova / istock
  • 22 Avr 2025
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    Une nouvelle étude canadienne, publiée dans la revue JAMA Psychiatry, met en lumière un lien direct entre l'usage intensif de cannabis et des modifications du cerveau associées à la psychose. En s'appuyant sur l'imagerie cérébrale, les chercheurs ont démontré une accumulation anormale de dopamine dans une zone clé du cerveau, chez les personnes souffrant de trouble d’usage du cannabis.

    Un excès de dopamine dans le cerveau

    Menée à London, en Ontario, par des équipes du London Health Sciences Center Research Institute (LHSCRI) et de la faculté de médecine de l'université Western, l'étude a utilisé une technique d'imagerie non invasive, la résonance magnétique sensible à la neuromélanine. Cette substance noire s'accumule naturellement dans le cerveau avec l'âge, mais en présence de niveaux élevés de dopamine, elle devient anormalement abondante, apparaissant sous forme de taches noires sur les scans.

    "Chez les personnes qui consomment excessivement du cannabis, ces taches sont plus foncées que ce qu'elles devraient être pour leur âge, parfois comparables à celles de personnes dix ans plus âgées", explique Lena Palaniyappan, professeure à McGill et autrice principale de l'étude, dans un communiqué. Elle poursuit : "Nous avons maintenant une preuve directe reliant cannabis, dopamine et psychose."

    Un signal d’alarme pour les jeunes consommateurs

    La recherche a porté sur 61 jeunes adultes, dont certains souffrant de schizophrénie à un stade précoce. "L'augmentation des taches noires a été constatée dans une zone spécifique du cerveau, la substance noire et l'aire tegmentale ventrale, et ce, chez tous les utilisateurs intensifs de cannabis, même sans schizophrénie", précise Ali Khan, co-auteur de l’étude.

    Depuis la légalisation du cannabis au Canada, les urgences voient de plus en plus de jeunes présentant des épisodes de psychose liés au cannabis. "Nous tentons de les alerter dès le premier épisode, car ils risquent de précipiter leur cerveau vers une forme de psychose plus grave", indique un clinicien du programme de prévention et d'intervention précoce pour la psychose (PEPP) lancé par le LHSC.

    Pour la chercheuse Betsy Schaefer, cette étude clarifie les effets neurologiques du cannabis, les mécanismes biologiques liant cette drogue à la santé mentale. Jessica Ahrens, doctorante qui a participé aux travaux, espère que ces résultats "encourageront les soignants à proposer des alternatives au cannabis pour faire face au stress et aux difficultés".

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    JDF

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