Diagnostic
Un simple test urinaire pour dépister le cancer de la prostate ?
Des chercheurs développent actuellement un test urinaire innovant pour détecter précocement le cancer de la prostate, encore trop souvent diagnostiqué sur le tard.

- Par Stanislas Deve
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Et si un simple passage chez son médecin traitant suffisait pour détecter précocement un cancer de la prostate ? C’est le pari relevé par ONTRACK Biomedical, une jeune start-up fondée en Suisse par les chercheurs Irina Banzola et Daniel Eberli. Leur objectif : proposer un test urinaire simple, fiable et peu coûteux, capable d’identifier les patients à risque et d’éviter des examens lourds et souvent inutiles.
Un test rapide, indolore et précis
"Le cancer de la prostate est le cancer le plus fréquent chez les hommes en Suisse, avec plus de 7.000 nouveaux cas et environ 1.000 décès par an", rappelle le professeur Eberli, chef du service d’urologie de l’Hôpital universitaire de Zurich, dans un communiqué. Aujourd’hui, le test PSA (antigène prostatique spécifique), via une prise de sang est la référence, mais son manque de précision entraîne souvent des diagnostics erronés et des traitements inutiles. Des tests génétiques comme le Stockholm3 apportent plus de finesse, mais restent complexes et invasifs. "Ce qui nous manquait jusqu'à présent, c'était un test simple qui fournisse une information pertinente", poursuit Eberli.ONTRACK propose une solution simple : recueillir un échantillon d’urine et y mesurer deux protéines-clés, identifiées grâce à la spectrométrie de masse. Ces biomarqueurs, analysés via un test ELISA, permettent d’estimer avec précision le risque tumoral. "Notre test possède trois seuils de sensibilité très élevée", explique Eberli. L’interprétation se fait en trois couleurs : vert (pas de cancer), jaune (risque faible), rouge (probable tumeur à confirmer par biopsie).
Un changement de paradigme en vue ?
Irina Banzola, chercheuse en biologie, a développé ces outils après des années de recherche fondamentale. "J'ai toujours voulu faire quelque chose dont les patients pourraient bénéficier directement", confie-t-elle. En collaborant avec Eberli, ils ont fondé la start-up avec une ambition claire : diffuser largement un test peu coûteux et à fort impact.
Le test est déjà validé sur un petit groupe de patients, et une nouvelle étude sur 300 volontaires est en cours. "Avec ce test simple, nous voulons lever les obstacles et nous assurer que seuls les hommes qui ont réellement un problème soient traités", affirme Eberli. S’il confirme ses promesses, le test ONTRACK pourrait devenir un outil de dépistage de masse. Un pas de plus vers une médecine plus préventive et personnalisée.