Imagerie médicale
Certains scanners augmenteraient le risque de cancer
5 % des cas de cancer pourraient être liés à des scanners, soit trois ou quatre fois plus que les précédentes estimations.

- Par Mégane Fleury
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- EvgeniyShkolenko/istock
Ces examens peuvent sauver, mais ils doivent être utilisés avec parcimonie. Dans JAMA Internal Medicine, des scientifiques annoncent que les scanners pourraient être responsables de 5 % des cancers chaque année. "Les radiations issues de l'imagerie pourraient entraîner des cancers du poumon, du sein et d'autres cancers, avec un risque dix fois plus élevé chez les nourrissons", alertent-ils.
Scanner : des examens nécessaires mais parfois dangereux
"La tomodensitométrie peut sauver des vies, mais ses effets néfastes potentiels sont souvent négligés", explique Rebecca Smith-Bindman, radiologue à l’Université de Californie à San Francisco (UCSF) et autrice de cette étude. Cet examen est utilisé pour détecter les tumeurs et pour diagnostiquer de nombreuses maladies. Mais il peut exposer les patients aux rayonnements ionisants, un agent cancérigène. Pour évaluer l'impact de cette technique d’examen sur la santé publique, les chercheurs ont analysé 93 millions d'examens réalisés sur 61,5 millions de patients aux États-Unis, en 2023.
Cancer lié au scanner : les enfants de moins d’un an sont dix fois plus à risque
Ils estiment que près de 103.000 cancers devraient résulter des 93 millions de scanners réalisés. C'est trois à quatre fois plus que les estimations précédentes, selon les auteurs. "Les adultes de 50 à 59 ans présentaient le plus grand nombre de cancers induits : 10.400 cas chez les femmes et 9.300 chez les hommes", précisent-ils. Les cancers les plus fréquemment recensés chez l'adulte étaient celui du poumon, du côlon, de la vessie et du sein, ainsi que la leucémie. Chez l’enfant, il s’agissait de ceux de la thyroïde, du poumon et du sein. "Le plus grand nombre de cancers chez l'adulte provenait des scanners de l'abdomen et du bassin, tandis que chez l'enfant, ils provenaient des scanners de la tête", développent-ils. Les risques de cancer liés à l’examen étaient plus élevés chez les personnes ayant subi un scanner avant l'âge d'un an. "Ces personnes étaient 10 fois plus susceptibles de développer un cancer que les autres participants à l’étude", indiquent les chercheurs.
Comment réduire l’utilisation des scanners ?
Selon ces scientifiques, certains types de scanner pourraient être limités, car ils sont surutilisés et sont peu susceptibles d’aider les patients. Ils citent, par exemple, ceux utilisés pour les infections des voies respiratoires supérieures ou en cas de maux de tête sans signes ni symptômes inquiétants. "Les patients pourraient réduire leur risque en effectuant moins de ces scanners ou en optant pour des scanners à plus faible dose", recommandent-ils. Selon eux, certains examens sont réalisés avec des doses excessives. "Nous espérons que les résultats de notre étude aideront les professionnels de santé à mieux quantifier et communiquer autour de ces risques de cancer, permettant ainsi des discussions plus éclairées lors de l'évaluation des bénéfices et des risques des examens TDM", conclut Dr Malini Mahendra, professeure adjointe de soins intensifs pédiatriques à l’UCSF.