Scandale

Greffes de rein : des médecins lyonnais portent plainte contre des essais illégaux

Deux praticiens ont déposé plainte contre les Hospices civils de Lyon pour des soupçons d’essais cliniques illégaux au service néphrologie, car des patients greffés du rein auraient reçu des traitements inhabituels, sans avoir donné leur consentement. 

  • Jacob Wackerhausen/iStock
  • 12 Avr 2025
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    Deux médecins ont déposé plainte contre les Hospices civils de Lyon (HCL) pour des soupçons d’essais cliniques illégaux : sans avoir donné leur consentement, des patients greffés du rein auraient reçu des traitements inhabituels et à risque, administrés en dehors de tout protocole médical. Les anciens médecins de l’hôpital Edouard-Herriot de Lyon, où les faits auraient eu lieu en 2023, ont déposé plainte, ce jeudi, au pôle santé publique du parquet de Paris. 

    La plainte vise quatre responsables du service de transplantation rénale de leur établissement et les HCL. Les deux médecins estiment que leur hiérarchie a mis en place un système de soins illégal. "L’objectif, c’était de tester une combinaison de médicaments pour voir ce que ça donnait. Sauf que cette expérience-là n’est pas autorisée, indique Christelle Mazza, l’avocate des plaignants, à FranceInfo. Il faut quand même mesurer qu’on est en train de faire des essais sur des personnes vivantes qui n’ont pas donné leur consentement. Là on est dans la tromperie la plus absolue, au-delà des conséquences que ça peut avoir sur la santé".

    Un traitement inhabituel pour les patients greffés du rein 

    Les faits dénoncés par les médecins remontent à 2023. Cette année-là, plusieurs patients greffés du rein auraient reçu un traitement composé de deux médicaments : le Basiliximab et le Rituximab, pour éviter le rejet. Pourtant, ce dernier ne bénéficie pas d’autorisation de mise sur le marché (AMM) pour les patients en transplantation, selon FranceInfo. De plus, la plainte indique que cette combinaison n’est ni dans les recommandations internationales, ni dans les protocoles de l’hôpital Edouard-Herriot.

    Les plaignants considèrent ce traitement comme dangereux, car il a été administré à des patients dans un état vulnérable, qui ont ainsi été mis en danger. Selon eux, la hiérarchie du service de transplantation rénale était à l’origine de l’administration de ces médicaments, qui aurait été décidée en dehors de tout protocole de recherche et sans le consentement des patients. 

    "Il n’est pas imaginable que certains médecins, occupant par ailleurs des responsabilités importantes dans la filière et au sein de l’hôpital public, puissent s’affranchir des règles éthiques et du cadre légal encadrant la recherche sur des humains, qui plus est sans leur consentement, explique Christelle Mazza à l’Agence France Presse (AFP). 

    L'état de santé de 5 patients s'est aggravé après avoir reçu les deux médicaments

    En décembre 2024, les deux médecins de l’hôpital Edouard-Herriot avaient déjà déposé plainte pour "mise en danger de la personne, violences mortelles" et encore "non-assistance à personne en péril et pratique illégale d’investigation clinique" au parquet de Lyon. Celle-ci serait toujours en cours d'examen.

    L’administration de ce traitement aurait entraîné une aggravation de l’état de santé d’au moins cinq patients. L’un d’entre eux, âgé de 67 ans, est décédé. "Il y a eu une dégradation de l’état de santé dans plusieurs cas et dans un cas un décès où il faut qu’il y ait très clairement la possibilité d’examiner ce qu’il a pu se passer, souligne Christelle Mazza. Il s’agit d’un décès qui n’est pas cohérent par rapport à l’état de la personne quand elle est arrivée au sein de l’établissement". 

    Les HCL précisent à FranceInfo que la mort n’est pas liée au traitement et que la décision d’administrer ces traitements avait été prise "après une discussion collégiale impliquant plusieurs membres de l’équipe aux expertises complémentaires."

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    JDF

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