Nutrition
Diabète de type 2 : méfiez-vous des cocktails d’additifs alimentaires
Une étude française met en lumière un phénomène inquiétant : les mélanges d’additifs alimentaires, couramment consommés, sont liés à une hausse du risque de diabète de type 2.

- Par Sophie Raffin
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- Lukatme/istock
Conservateurs, exhausteurs de goût, colorants, agents de texture… la liste des additifs alimentaires utilisés par l'industrie agro-alimentaire lors de la fabrication des produits ultra-transformés est longue. Grâce aux travaux scientifiques, nous savons que nous devons nous méfier de plusieurs d’entre eux. Ils ont entre autres été associés individuellement au développement de troubles métaboliques, à une inflammation chronique ou encore un déséquilibre du microbiote intestinal.
Mais selon une nouvelle étude, menée par l’Inserm, l’INRAE, l’Université Sorbonne Paris Nord, l’Université Paris Cité et le Cnam, les “cocktails” d’additifs sont également nocifs pour la santé. Parue dans la revue Plos Medicine, elle montre que deux mélanges d’additifs alimentaires sont liés à une incidence plus élevée de diabète de type 2.
Diabète de type 2 : deux mélanges d’additifs alimentaires pointés du doigt
Pour évaluer les effets d’une exposition à des mélanges d’additifs, les scientifiques regroupés au sein de l’Équipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle (Eren-Cress), ont analysé les données de santé de 108.643 adultes de la cohorte NutriNet-Santé sur une période moyenne de suivi de 7,7 ans. Ces participants devaient entre autres indiquer tous les aliments et les boissons (en précisant les marques) qu'ils avaient avalés sur au moins deux jours.
En étudiant la liste de ces mets, l’équipe a identifié les cinq principaux mélanges d’additifs alimentaires les plus consommés. Elle a ensuite étudié les dossiers médicaux des volontaires.
"Les résultats indiquent que deux de ces mélanges étaient associés à une incidence plus élevée de diabète de type 2, indépendamment de la qualité nutritionnelle du régime alimentaire (apports en sucre, calories, fibres, graisses saturées, etc.) et des facteurs sociodémographiques et de mode de vie", expliquent les auteurs dans leur communiqué.Le premier mélange mis en cause est composé de plusieurs émulsifiants (amidons modifiés, pectine, gomme de guar, carraghénanes, polyphosphates, gomme xanthane), d’un conservateur (sorbate de potassium) et d’un colorant (curcumine). On le retrouve le plus souvent dans les bouillons, desserts lactés, les matières grasses et les sauces.
Le second cocktail incriminé est utilisé lors de la fabrication des boissons édulcorées et des sodas. Il combine des acidifiants et régulateurs d’acidité (acide citrique, citrates de sodium, acide phosphorique, acide malique), des colorants (caramel au sulfite d’ammonium, anthocyanes, extrait de paprika), des édulcorants (acésulfame-K, aspartame, sucralose), des émulsifiants (gomme arabique, pectine, gomme de guar) et un agent d’enrobage (cire de carnauba).
Additifs et diabète : les interactions en cause ?
"Cette étude est la première à estimer l’exposition aux mélanges d’additifs alimentaires dans une large cohorte en population générale et à analyser leur lien avec l’incidence du diabète de type 2. Les résultats suggèrent que plusieurs additifs emblématiques présents dans de nombreux produits sont souvent consommés ensemble et que certains mélanges seraient associés à un risque plus élevé de cette pathologie", explique Marie Payen de la Garanderie, doctorante à l’Inserm et première autrice de ces travaux.De plus, ce lien pourrait découler des réactions entre les additifs observées dans ces deux mélanges, "certains pouvaient interagir entre eux, soit en renforçant leurs effets (synergie), soit en les atténuant (antagonisme)", précisent les chercheurs. Ils appellent ainsi à la tenue de nouveaux travaux sur le sujet afin "d’élucider les mécanismes sous-jacents et d'approfondir la compréhension des synergies et des antagonismes potentiels entre ces additifs alimentaires".