Diagnostic
Pourquoi la prise en charge de la ménopause est une priorité de santé publique
Un rapport parlementaire propose une série de mesures pour mieux prendre en charge la ménopause, à l’heure où le diagnostic reste tardif et le parcours des femmes souvent chaotique.

- Par Stanislas Deve
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Invisible, taboue, souvent banalisée : alors que la ménopause touche la moitié de la population, sa prise en charge reste pourtant aujourd'hui largement défaillante. Un rapport parlementaire, remis le 9 avril, entend changer la donne en formulant 25 propositions pour "garantir une prise en charge adaptée", aujourd'hui rendue "impossible du fait d'inégalités sociales et territoriales".4 femmes sur 5 souffrent de symptômes vasomoteurs
"Ces propositions sont pragmatiques, chiffrées, applicables" d'ici à deux ans, selon la députée Stéphanie Rist, à l'origine du rapport. L'objectif est clair : faire de la ménopause une véritable priorité de santé publique. Une ambition partagée par le Président Emmanuel Macron, qui avait appelé à un "état des lieux de la prise en charge" et des "difficultés rencontrées par les femmes en termes d'information et de suivi", rapporte l'AFP.
La ménopause, soit l'arrêt de l'activité ovarienne et des cycles menstruels, entraîne de nombreux bouleversements. Sur le plan médical, elle peut provoquer bouffées de chaleur, troubles du sommeil, ostéoporose, risques cardio-vasculaires ou encore troubles cognitifs. Une récente enquête du laboratoire Astellas Pharma révèle que 4 femmes ménopausées sur 5 souffrent de symptômes vasomoteurs dans leur quotidien, avec en moyenne 4,3 bouffées de chaleur et sueurs nocturnes par jour. Un pic de fréquence apparaît un à deux ans après le début de la ménopause, mais ces symptômes peuvent persister jusqu’à quinze ans.
Mais les impacts de la ménopause dépassent le cadre médical. "Ainsi s'accommode-t-on que des femmes refusent une promotion, quittent leur emploi ou partent en retraite anticipée, avec des coûts importants pour les entreprises", alerte le rapport. Un tabou persistant qui freine la reconnaissance de cette phase de vie comme enjeu de société.
Un diagnostic souvent tardif et un parcours chaotique
En moyenne, il faut 12,6 mois entre l'apparition des premiers symptômes vasomoteurs et le diagnostic de ménopause, d’après l’enquête d’Astellas. Les femmes semblent naviguer seules : 43 % recherchent des informations sur internet ou ailleurs, 36 % testent des produits sans ordonnance, et 25 % demandent conseil à leur pharmacien. Pour 61 %, le diagnostic de ménopause n'est même pas le motif initial de la consultation.
"Cette nouvelle enquête révèle un parcours particulièrement chaotique pour les femmes : en moyenne, elles souffrent pendant plus d’un an avant un diagnostic de transition ménopausique, souligne la Dr Brigitte Letombe, gynécologue et membre du bureau de la Société française de ménopause, dans un communiqué publié par Astellas. Il est essentiel que la société lève le tabou autour de cette étape afin d'amener les femmes à évoquer leurs symptômes plus facilement et à recevoir l'accompagnement nécessaire pour améliorer leur quotidien."Parmi les mesures clés du rapport parlementaire : la création d'un "parcours individualisé de la ménopause" (le PIM), pluridisciplinaire, coordonnant médecins et professionnels non médicaux. L'éducation dès le collège, une meilleure communication, le soutien à la recherche et la valorisation des initiatives locales sont également encouragés.