Microbiote
La qualité du lait maternel commence dans l’assiette de la mère
Oméga 3, immunité, microbiote... Améliorer l’alimentation de la mère enrichit la composition du lait maternel, cruciale pour le développement du nourrisson, selon une étude française.

- Par Stanislas Deve
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Et si les mères pouvaient optimiser la santé de leur bébé... en changeant simplement de régime alimentaire ? C'est le pari audacieux relevé par l'association Bleu-Blanc-Cœur, qui a réuni un consortium d'experts du CHU de Rennes, de l'Inrae, de l'Inserm et du CNRS pour mener une étude clinique inédite. Leur objectif, évaluer l'impact d'une alimentation issue de la filière Bleu-Blanc-Cœur sur la composition du lait maternel, premier aliment de la vie, et la santé des nourrissons. Avec une ambition claire : agir dès les 1.000 premiers jours de vie de l'enfant, période déterminante pour son développement.
Un lait maternel déséquilibré depuis longtemps
Depuis les années 1960, le rapport Oméga 6 / Oméga 3 dans le lait maternel est passé de 5:1 à 15:1. Un chiffre préoccupant quand on sait que les oméga 3, notamment l'acide alpha-linolénique (ALA), sont essentiels au développement du cerveau du nourrisson et à la régulation de l'inflammation. L'étude visait donc à freiner, voire inverser, cette tendance grâce à une alimentation animale de meilleure qualité, selon une approche "One Health" (de santé globale) liant santé humaine, animale et environnementale.
Près de 60 femmes enceintes ont participé à cette sixième étude clinique menée par l’association. Réparties en deux groupes (témoin et Bleu-Blanc-Cœur), elles ont reçu chaque semaine, du 6ème mois de grossesse jusqu'au 45e jour post-partum, des colis alimentaires aux menus identiques (viandes, produits laitiers, œufs, pain...), mais différant par l'origine des produits (classiques ou issus de la filière Bleu-Blanc-Cœur). "L'ambition était de prouver que nous sommes ce que nous mangeons et que nous sommes aussi ce que l'animal a mangé", résument les chercheurs dans un communiqué.
Un microbiote intestinal plus diversifié chez bébé
Résultat, le lait des mères Bleu-Blanc-Cœur présentait 75 % d'ALA en plus et 52 % d'oméga 3 supplémentaires. Il était également plus riche en protéines, immunoglobulines, hormones et oligosaccharides (HMO pour Human Milk Oligosaccharide), tous essentiels au bon développement et à l’immunité du nourrisson. Autre point notable : les bébés allaités par les mamans nourries au régime Bleu-Blanc-Cœur bénéficiaient d’un microbiote intestinal plus diversifié, signe d'un bon équilibre digestif. A noter qu’en prime, l'empreinte environnementale des repas Bleu-Blanc-Cœur était réduite de 4,5 % par rapport aux menus standards.
Cette étude ouvre la voie à une nouvelle manière de considérer l'allaitement et la nutrition périnatale. En influençant la composition du lait maternel via l'alimentation, il devient possible d'agir très tôt sur la santé des enfants. "Le lait maternel est un sujet d'étude passionnant. Il reflète directement ce que mange la mère et influence durablement la santé du nourrisson", concluent les chercheurs.