Pédiatrie

Perfusion chez l’enfant : l’échoguidage améliore le succès dès la première tentative

L’utilisation de l’échographie pour poser un cathéter veineux périphérique (CVP) chez les enfants augmente significativement le taux de réussite au premier essai, et ce, quels que soient les facteurs de difficulté. Cette approche, bien que légèrement plus onéreuse, diminue les multiples tentatives et améliore l’expérience globale des enfants et de leurs familles.

  • gorodenkoff/istock
  • 28 Jan 2025
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    Les cathéters veineux périphériques (CVP) sont indispensables à l’hôpital pour le diagnostic (prélèvements sanguins) et le traitement de nombreuses pathologies pédiatriques (administration d’antibiotiques, hydratation, produits sanguins). On estime que 50% à 70 % des enfants hospitalisés nécessitent la pose d’un CVP. Pourtant, moins de la moitié de ces poses réussit du premier coup, augmentant la douleur, la peur et les risques de complications.
    Jusqu’ici, la technique habituelle reposait sur la palpation et la visualisation des veines, stratégie limitée par la variabilité anatomique, l’âge de l’enfant, la présence de pathologies associées et la compétence de l’opérateur. L’échographie apparaît comme une solution à ces aléas en permettant une visualisation en temps réel du calibre et de la profondeur des vaisseaux, et en facilitant un positionnement précis de l’aiguille.

    Cette étude randomisée (EPIC trial), publiée dans JAMA Pediatrics, a comparé l’utilisation de l’échoguidage à la méthode standard chez 164 enfants (0-18 ans) nécessitant la pose d’un cathéter veineux périphérique, répartis selon leur risque de difficulté (bas, moyen ou élevé). Les résultats montrent un taux de succès de premier essai nettement supérieur sous échographie : 85,7 % vs 32,5 % (différence absolue de 53,6 %, p < 0,001). Les gains sont notables dans tous les sous-groupes de risque, y compris pour les enfants habituellement considérés comme “peu difficiles”.

    Satisfaction des enfants et des parents

    L’étude souligne aussi que le recours à l’échographie réduit le nombre total de tentatives et la souffrance associée. La satisfaction des enfants et de leurs parents est significativement plus élevée lorsqu’une seule tentative suffit et lorsque la douleur, les pleurs et l’anxiété sont minimisés. Par ailleurs, l’hypothèse selon laquelle seuls les enfants les plus difficiles (DIVA, ou difficult intravenous access) tireraient avantage de l’échoguidage se voit élargie : même les enfants avec des veines facilement palpables bénéficient d’une meilleure fiabilité du premier essai.

    Côté sécurité, aucun surcroît d’effets indésirables ni de complications post-pose n’a été relevé. Sur le plan économique, le coût direct par patient est légèrement supérieur (environ +9 $ australiens en moyenne), essentiellement à cause du prix de l’acte échographique. Toutefois, les analyses de sensibilité montrent qu’un usage plus fréquent de l’échographie (ou un amortissement approprié de l’appareil) peut réduire significativement cette différence. De plus, la diminution du temps passé sur des poses multiples et la satisfaction familiale élevée laissent supposer une rentabilité globale à moyen terme.

    Un essai randomisé multicentrique analysé en intention de traiter

    Cette étude a suivi une conception rigoureuse : essai contrôlé randomisé, inscription prospective, allocation 1:1, stratification préalable du risque de difficulté vasculaire, et analyse en intention de traiter. Menée dans un grand hôpital pédiatrique australien, l’étude bénéficie d’un suivi complet à 100 % pour le critère principal (taux de succès du premier essai). Les opérateurs étaient principalement des médecins ou des infirmiers généralistes, ce qui renforce la validité externe des résultats pour des établissements sans équipe dédiée (vascular access teams).

    Selon les auteurs australiens les implications sont majeures : l’échoguidage systématique, déjà établi dans les situations de très haut risque, pourrait devenir un standard pour tout enfant requérant un cathéter veineux périphérique. Outre la diminution de la douleur et de l’anxiété, l’amélioration de la réussite au premier essai évite les retards de traitement, réduit les coûts liés aux multiples tentatives et améliore nettement l’expérience patient-famille.

    À l’avenir, il conviendra de former plus largement le personnel soignant à l’échoguidage, et d’évaluer dans quelle mesure ce protocole s’intègre dans différents contextes (services d’urgence, petite maternité, centres périphériques). Des recherches complémentaires pourront préciser les indicateurs de performance (temps global de procédure, satisfaction, impact sur la compliance thérapeutique à long terme) et affiner le modèle économique (amortissement de l’équipement, temps de formation du personnel).

     

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