Pneumologie

Profiter du scanner thoracique pour dépister les coronaropathies des patients BPCO

 Le scanner thoracique représente un outil sous exploité pour détecter une coronaropathie associée à la BPCO. Le risque  d’atteintes coronaires sévères est important chez les patients atteints de BPCO et cet examen simple et couramment effectué permet de les détecter avant qu’elles ne se manifestent par des complications graves.  D’après un entretien avec Maeva ZYSMAN.

  • 23 Jan 2025
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    Une étude, dont les résultats sont parus dans l’American Journal of Critical Care Medicine, en décembre 2024, a cherché à démontrer l’intérêt du scanner thoracique dans le dépistage des maladies coronariennes chez les patients atteints de BPCO. Il s’agit d’une étude prospective, dans laquelle 50 patients ont été inclus, tous atteints de BPCO, avec un âge moyen de 71 ans. Tous les patients  ont réalisé d’une angiographie coronarienne par tomodensitométrie et ont été appariés à des témoins du même âge et du même sexe.  Les patients atteints de BPCO ont bénéficié d’une évaluation de leurs symptômes tels que la douleur thoracique ou la dyspnée, d’un test de marche de 6 minutes pour mesurer leur capacité fonctionnelle, d’une évaluation de leurs exacerbations et de l’inflammation systémique. Les test de dépistage des coronaropathies ont comporté les scores de risques cardiovasculaires, la mesure des biomarqueurs et le score calcique des l’artère coronaire, dérivé du thorax.

     

     

    Un fort risque d’atteinte coronaire sévère en cas de BPCO

     

    Le professeur Maeva ZYSMAN, pneumologue au Centre Hospitalier Universitaire de Bordeaux, félicite ce travail intéressant, dont le sujet, est un très bon choix, pusiqu’il est très documenté dans l’actualité scientifique et qu’il s’inscrit dans la suite  de cette actualité. En effet, le surrisque de maladies cardiovasculaires au cours de la BPCO est très important, surtout dans l’année qui suit une exacerbation.  L’objectif de cette étude était d’établir un surrisque classifié grâce au scanner thoracique ou coroscanner. Maeva ZYAMN précise que cet examen est souvent réalisé chez les patient BPCO, à la recherche d’autres pathologies que les coronaropathies et elle souligne que les résultats de ce travail ont montré une atteinte coronaire chez 88% des sujets inclus, dont un tiers d’atteintes sévères avec obstruction coronaire. En comparant à des sujets fumeurs sans BPCO, le risque relatif est multiplié par trois chez ces patients et le risque d’atteinte sévère est multiplié par dix.  Maeva ZYSMAN insiste  donc sur le fort risque de coronaropathie associée à la BPCO, bien supérieur à celui associé au tabagisme.

     

     

    Rentabiliser le scanner thoracique pour dépister la coronaropathie

     

    Maeva ZYSMAN explique que les éléments cliniques simples tels que la dyspnée ou la douleur thoracique sont très mal corrélés à la coronaropathie chez les patients atteints de BPCO et ne peuvent pas aider au diagnostic. De plus, plus l’inflammation systémique est importante, plus le risque coronarien est grand. Les outils scanographiques permettant de prédire ce risque sont donc très intéressants, comme, par exemple, les calcifications coronaires qui sont très performantes pour dépister les maladies cornariennes. Maeva ZYSMAN ajoute que la BPCO ne nuit pas à la lecture du scanner thoracique lorsque l’on recherche une coronaropathie. Elle explique qu’elle espère, qu’en France, le dépistage du cancer du poumon chez les populations cibles permettront de rentabiliser le scanner thoracique comme outil pour évaluer les comorbidités, en ne s’intéressant pas qu’aux nodules pulmonaires à l’imagerie. Maeva ZYSMAN émet la réserve que cette étude n’a inclus que 50 patients, avec un âge moyen de 71 ans mais que les résultats restent concordants avec la population globale de BPCO même si à 50 ans, il peut y avoir des différences.

     

     

    En conclusion, le scanner thoracique peut permettre de dépister les coronaropathies des patients atteints de BPCO. Cette performance est intéressante car ces patients présentent un surrisque significatif de maladie coronarienne. Des travaux incluant des cohortes plus volumineuses pourraient venir renforcer ces résultats. Quoiqu’il en soit, la lecture du scanner thoracique chez les patients atteints de BPCO ne doit pas se limiter à la recherche nodules…

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