Pneumologie
La toux peut être améliorée par la réadaptation respiratoire
La réadaptation respiratoire améliore également la qualité de vie liée à la toux chronique. L’impact de l’amélioration est d’autant plus marqué chez les patients initialement sévères et anxieux. Le versant éducatif de la réadaptation respiratoire tient une place majeure dans la prise en charge des patients tousseurs. D’après un entretien avec Anne LINO.
Une étude rétrospective sur une analyse secondaire de 3 essais randomisés contrôlés, dont les résultats sont parus en novembre 2024, dans l’European Respiratory Journal Open Research, a cherché à démontrer l’efficacité de la réadaptation respiratoire sur la toux chez les patients atteints de maladies respiratoires chroniques. Pour cela, les auteurs ont étudié 135 patients sur les 357 identifiés initialement (222 patients exclus pour données manquantes), dont 39% de femmes, avec un âge moyen de 68 ans. Les patients étaient atteints de BPCO dans 61% des cas, les autres atteintes comportaient des bronchectasies, des fibroses pulmonaires ou encore de l’asthme. Les patients avaient une maladie respiratoire d’une sévérité le plus souvent modérée, avec un VEMS moyen de 58%. Les sujets ont participé à de la réadaptation respiratoire à raison de deux séances par semaine pendant 12 semaines. La participation a été correcte puisque 20 séances sur 24 ont été réalisées en moyenne, par patient. Ils ont tous répondu au questionnaire de Leicester sur la toux. Ce questionnaire comporte 19 questions, avec une échelle de 1 à 7 pour chaque question. Il explore l’impact physique, psychologique et social de la toux. Le score total va de 3 à 21 avec un cut-off à 17,05 en dessous duquel on retrouve une altération de la qualité de vie liée à la toux.
L’impact de la toux mieux évaluée grâce aux questionnaires
Le docteur Anne LINO, pneumologue à MédiPôle Lyon-Villeurbanne, précise que ce travail est intéressant car l’impact de la toux qui est un symptôme très fréquent chez les patients atteints de maladies respiratoires chroniques, est insuffisamment évalué et une prise en charge spécifique de ce symptôme, adapté bien sûr à chaque patient selon son type de toux et selon les mécanismes pouvant expliquer ce symptôme, peut être bénéfique . Les auteurs ont donc utilisé le questionnaire de Leicester pour explorer précisément l’impact de la toux sur la qualité de vie et mieux évaluer cette problématique qui peut être sous-estimée par le simple interrogatoire. Dans cette étude, les auteurs retrouve une amélioration significative par la réadaptation respiratoire de l’impact de la toux chez 36% des patients tant sur le score de qualité de vie que sur le score physiques, après une réadaptation respiratoire bien menée, ce qui constitue un message intéressant. Les patients qui avaient un score inférieur à 17,05 au questionnaire de Leicester ont augmenté ce score de 1,3 points après la réadaptation respiratoire, les composantes physiques et psychologiques ayant été significativement améliorées. Les patients qui avaient un score initialement normal ou haut, n’ont pas eu de réponse significative. Les résultats auraient pu être plus probants en ciblant les patients tousseurs fortement impactés par ce symptôme. Il n’y a pas eu non plus dans cette étude, basée sur des analyses secondaires de caractérisation de la toux et donc de prise en charge ciblée selon le(s) mécanisme(s) retrouvé (s).
Les plus répondeurs sont les plus altérés initialement
Les patients qui ont tiré le plus grand bénéfice de la réadaptation respiratoire concernant l’impact de la toux sont ceux qui avaient initialement une qualité de vie très altérée, avec un niveau d’anxiété important. La prise en charge de l’anxiété, la reprise de l’activité physique, l’apprentissage des auto-soins, comme les lavages de nez ou l’auto-drainage bronchique constituent autant de leviers intéressants pour améliorer la toux et son impact chez nos patients présentant des maladies respiratoires chroniques. La prise en charge globale, à la fois physique et psychologique, l’effet « groupe » et le versant éducatif des programmes de rééducation respiratoire constitue un atout majeur pour ces patients tousseurs, surtout quand leur qualité de vie est fortement impactée.
En conclusion, la toux est un symptôme fréquent et parfois très invalidant chez les patients présentant des maladies respiratoires chroniques. La réadaptation respiratoire peut contribuer à en améliorer l’impact, notamment chez les patients anxieux avec une qualité de vie très altérée. L’utilisation du questionnaire de Leicester permet de mieux explorer l’impact de la toux chez ces patients.