Oncologie

Cancers chez les jeunes adultes : responsabilité de l’alcool dans leur augmentation

L'augmentation des cancers chez les jeunes adultes est préoccupante. Selon un récent rapport de l'American Association for Cancer Research (AACR), la consommation d'alcool pourrait jouer un rôle clé dans cette tendance, notamment pour les cancers du sein et colorectaux.

  • Giuseppe Lombardo/istock
  • 21 Sep 2024
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    Un rapport, rédigé en 2024 par l’American Association for Cancer Research (AACR), met en lumière les avancées scientifiques qui ont permis de mettre au point de nouveaux médicaments anticancéreux et d'améliorer le taux de survie globale. Mais il souligne également que les adultes de moins de 50 ans voient leur incidence de certains cancers, en particulier ceux du sein et du côlon, augmenter de façon significative. Entre 2010 et 2019, les cancers colorectaux à début précoce ont progressé de près de 1,9 % par an, selon le rapport 2024 de l’AACR.

    Cette progression inexpliquée concerne aussi des cancers comme la leucémie, le mélanome et le cancer du rein, dont l'incidence augmente malgré des taux de survie prolongés grâce à l'avancée des traitements. L'une des explications avancées par ce rapport est l'implication de facteurs de risque modifiables, tels que la consommation d'alcool, qui affecteraient particulièrement les jeunes adultes.

    Alcool et cancers : des données alarmantes

    L'alcool est depuis longtemps identifié comme un facteur de risque de plusieurs types de cancers. En 2019, environ 5,4 % des cas de cancers aux États-Unis étaient attribués à la consommation d’alcool. Ce chiffre concerne plusieurs tumeurs malignes, dont les carcinomes épidermoïdes de l'œsophage, le cancer du foie, de l'estomac, du sein, du cou et de la tête, ainsi que les cancers colorectaux.

    Les mécanismes sous-jacents à cette corrélation sont multiples. En ce qui concerne le cancer colorectal, l'alcool est connu pour perturber le microbiote intestinal, un ensemble de micro-organismes jouant un rôle clé dans la santé gastro-intestinale. Ces altérations du microbiome pourraient favoriser la prolifération de cellules cancéreuses dans le côlon et le rectum. Quant au cancer du sein, l'alcool est suspecté d’augmenter les niveaux d'œstrogènes, hormone impliquée dans le développement de nombreuses tumeurs mammaires.

    Remise en question des bénéfices d'une consommation modérée

    La croyance selon laquelle une consommation modérée d'alcool ou de vin pourrait avoir des effets protecteurs contre les maladies cardiovasculaires est de plus en plus remise en question. Une étude récente portant sur plus de 135 000 adultes britanniques a démontré que les buveurs modérés ne bénéficient pas d'une réduction notable du risque de maladies cardiovasculaires comparativement aux buveurs occasionnels.

    Plus encore, cette même étude a révélé un taux de mortalité par cancer plus élevé chez les buveurs légers à modérés, notamment parmi les populations vulnérables, telles que les personnes âgées à faibles revenus ou souffrant de comorbidités.

    Mesures de prévention : une nécessité urgente

    Le rapport de l’AACR recommande des actions préventives claires : la réduction de la consommation d’alcool à travers des campagnes de sensibilisation et l'ajout d'étiquettes d'avertissement sur les boissons alcoolisées. D’autres mesures de prévention sont également préconisées, incluant le maintien d’une alimentation équilibrée, la pratique régulière d’activité physique et l'évitement des autres facteurs de risque comme le tabagisme et l'exposition aux rayons ultraviolets.

    Une étude a révélé que moins d'un tiers des jeunes femmes âgées de 18 à 25 ans étaient conscientes du lien entre la consommation d'alcool et le cancer du sein, soulignant ainsi la nécessité de renforcer la communication sur les risques associés à l’alcool.

    L’urgence de sensibiliser le public

    Face à cette tendance inquiétante, il est crucial que les professionnels de la santé jouent un rôle actif dans la sensibilisation des jeunes générations aux risques liés à l’alcool. La prévention des cancers doit passer par une meilleure information sur les facteurs de risque modifiables et des recommandations claires pour réduire la consommation d'alcool, afin d’inverser cette courbe inquiétante.

    Le rapport de l’AACR rappelle qu’une prise de conscience collective est nécessaire pour limiter l'impact de l’alcool sur la santé publique et appelle à des recherches approfondies pour mieux comprendre ces liens alcool et cancer.

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