Chirurgie
Crise cardiaque : l’ablation est un meilleur traitement de première intention pour les survivants
Après un infarctus du myocarde, l’ablation, généralement réservée aux adultes dont l'état ne s'améliore pas avec les traitements, peut s’avérer plus efficace que les médicaments pour les patients dont le rythme cardiaque est dangereux.
À la suite d’une crise cardiaque, un tissu cicatriciel dans le muscle cardiaque se forme. "Il ne se contracte pas et n'aide pas à la circulation sanguine, mais il arrive que la cicatrice contienne des morceaux de muscle cardiaque survivants qui créent des circuits électriques anormaux dans le cœur, entraînant un rythme cardiaque rapide et dangereux appelé tachycardie ventriculaire", a expliqué John Sapp, professeur de médecine à l'université Dalhousie à Halifax (Canada). Dans le détail, la tachycardie ventriculaire, cause la plus fréquente de mort subite d'origine cardiaque, est un rythme cardiaque rapide qui commence dans les cavités inférieures du cœur (ventricules). Ce dernier empêche les cavités cardiaques de se remplir complètement entre les contractions, ce qui réduit le flux sanguin vers le cœur.
Crise cardiaque : 416 patients ont pris des médicaments anti-arythmiques ou subi une ablation
En cas de tachycardie ventriculaire et de cardiomyopathie ischémique, les patients présentent un risque élevé d'évolution défavorable. Afin de réduire le risque de décès lié à la tachycardie, ils peuvent recevoir un défibrillateur cardiaque implantable, qui ramène le cœur à un rythme normal mais n'empêche pas d’avoir des battements cardiaques rapides. Autre option pour prévenir les épisodes dangereux de tachycardie ventriculaire : les médicaments anti-arythmiques. Ensuite, si ces derniers ne font pas effet, une ablation cardiaque est réalisée. Cette intervention chirurgicale utilise l'énergie radiofréquence pour détruire le tissu cardiaque anormal à l'origine de la tachycardie ventriculaire, sans endommager le reste du cœur.
"Il n'est pas certain que l'ablation par cathéter soit plus efficace que les médicaments antiarythmiques en tant que traitement de première intention chez les patients souffrant de tachycardie ventriculaire", ont indiqué le chercheur canadien et son équipe. Pour en avoir le cœur net, ils ont recruté 416 adultes ayant développé une tachycardie ventriculaire récurrente après avoir survécu à une crise cardiaque dans 22 établissements de santé dans trois pays. Tous les participants, qui avaient des défibrillateurs cardiaques implantables, ont reçu de manière aléatoire des médicaments anti-arythmiques (une dose de 200 mg d'amiodarone ou une dose de 120 mg de sotalol) ou subi une ablation par cathéter. Après l’intervention, les volontaires ont été suivis pendant au moins deux ans.
L’ablation cardiaque réduit de 25 % le risque de mourir ou de souffrir d'une tachycardie ventriculaire
Parmi les patients du groupe ayant reçu l’ablation par cathéter, les événements indésirables survenus dans les 30 jours suivant la procédure comprenaient le décès de deux adultes et des événements indésirables non mortels chez 23 participants. Chez les personnes ayant bénéficié d’un traitement médicamenteux, les événements indésirables attribués aux antiarythmiques comprenaient le décès dû à des effets toxiques pulmonaires chez un volontaire et des événements indésirables non mortels chez 46 patients. Les recherches, publiées dans la revue New England Journal of Medicine, ont que les personnes ayant subi une ablation avaient 25 % moins de risques de mourir ou de souffrir d'une tachycardie ventriculaire nécessitant un choc du défibrillateur cardiaque implantable.
"Pour les personnes qui ont survécu à une crise cardiaque et qui ont développé une tachycardie ventriculaire, nos données montrent que la réalisation d'une ablation par cathéter pour traiter directement le tissu cicatriciel anormal du cœur à l'origine de l'arythmie, plutôt que de prescrire des médicaments pour le rythme cardiaque qui peuvent affecter d'autres organes en plus du cœur, offre de meilleurs résultats globaux", a conclu John Sapp.