Neurologie
Il existerait un lien entre la taille du réseau social et la structure du cerveau
Notre cerveau se construirait en fonction de notre évolution sociale, selon une nouvelle étude.
Plus nos relations sociales sont nombreuses, plus certaines structures de notre cerveau se développent. C’est ce que viennent de mettre en évidence des chercheurs français, publiés dans la revue Science Advances.
"Appréhender le groupe social"
Les liens entre le réseau social et la taille du cerveau avaient déjà fait l’objet de précédentes études dans le domaine des neurosciences. Des scientifiques se sont par exemple intéressés à la variation de la taille de l’amygdale du cerveau humain en fonction du nombre d’amis Facebook que possède un individu. Pour compléter ces recherches et essayer de mieux comprendre l’organisation et les fonctions des réseaux neuronaux chez l’Homme, des équipes de l’Inserm et de l’université Claude Bernard Lyon 1 ont travaillé avec une espèce animale aux caractéristiques cérébrales proches de celles de l’humain : les macaques rhésus.
Ils ont ainsi étudié un groupe de ces primates dans leur état naturel pendant plusieurs mois avant d’imager leur cerveau. "Le fait d’étudier les animaux en liberté leur a permis d’appréhender le groupe social dans toute sa complexité. Les scientifiques ont ainsi pu mesurer l’intensité des interactions avec les autres individus ou encore identifier la position hiérarchique sociale de l’animal au sein du groupe", explique l’Inserm dans un communiqué.
Scanners
En parallèle de ce travail d’observation comportementale, les scientifiques ont analysé les scanners cérébraux des individus du groupe, qui était composé de 68 adultes et 21 jeunes macaques âgés de moins de 6 ans. Ils ont alors découvert que, chez l’adulte, plus l’animal avait un nombre important de compagnons, plus certaines régions de son cerveau situées dans le lobe temporal étaient de taille importante. Plus précisément, il s’agissait de l’insula antérieur et de la partie médiane du sillon temporal supérieur – des zones considérées comme primordiales pour se représenter les émotions et la perception des comportements d’autrui.
Pour mieux comprendre comment ce phénomène se développait, les scientifiques ont également pu recueillir les scanners cérébraux de 21 jeunes macaques nouveau-nés. Leurs travaux ont ainsi montré qu’ils n’étaient pas nés avec ces différences de taille des structures cérébrale mais qu’elles se mettaient en place au cours de leur développement.
"Cet aspect est intéressant, car si nous avions observé la même corrélation chez les jeunes macaques, cela aurait pu signifier que naître d’une mère très populaire (ayant beaucoup d’interactions avec le groupe), aurait pu prédisposer le nouveau-né à devenir à son tour populaire. Au contraire, nos données suggèrent que les différences que nous observons chez l’adulte seraient fortement déterminées par nos environnements sociaux, peut-être plus que par notre prédisposition innée", conclut Jérôme Sallet, directeur de recherche à l’Inserm.