Covid-19

Traitements anti-Covid : ce qui se cache derrière “l’espoir” de Jean-François Delfraissy

Le président du Conseil scientifique, Jean-François Delfraissy, de nature prudente, est optimiste quant à l’arrivée d’un traitement anti-Covid pour la mi-novembre.

  • Par Jean-Guillaume Bayard
  • vchal/iStock
  • 30 Aoû 2021
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    Dans la lutte contre la Covid-19, toute aide est bonne à prendre. Bientôt, ce sont les traitements qui pourraient bien s’ajouter aux vaccins pour lutter contre le virus. C’est ce que veut croire Jean-François Delfraissy, le président du Conseil scientifique. De nature plutôt prudente, il a estimé le jeudi 26 août dernier au micro d’Europe 1 avoir bon espoir qu’un traitement anti-Covid soit disponible “dès la mi-novembre”.

    La science est en marche

    Le président du Conseil scientifique estime que parmi toutes les recherches en cours, certaines devraient bientôt aboutir à la mise au point d’un traitement efficace. “Il y a plusieurs compagnies qui construisent de nouveaux médicaments dirigés contre les enzymes du Sars-Cov-2, ces petits bouts du virus qui lui permettent de se multiplier”, selon l’immunologiste. Pour lui, “la science est en marche”, comme il l’a évoqué la veille sur le plateau du 20 heures de France 2. 

    Le Monlupiravir, candidat crédible

    Si Jean-François Delfraissy ne cite aucun médicament, le Molnupiravir apparaît comme l’un des plus à même d’être bientôt mis sur le marché. “Je pense que le Pr. Delfraissy faisait écho à cette substance, initialement développée contre la grippe par le laboratoire Merck Sharp and Dohme, croit savoir le chimiste Jean-Hugues Renault, interrogé par le Huffington Post. Merck a fortement accéléré les essais de phase II et III du Molnupiravir. Les essais devraient effectivement se terminer fin 2021. C’est un analogue nucléosidique, un antiviral qui empêche la multiplication du virus dans nos cellules. Et il est formulé par voie orale.”

    Les premières données, pré-publiées le 17 juin dernier, sur ce médicament ont révélé une réduction de la charge virale qui permet de diminuer le risque de faire une forme grave mais également de transmettre le virus. De plus, le traitement ne semble provoquer que peu d’effets secondaires. Ces résultats doivent encore être confirmés sur une plus large cohorte mais déjà les États-Unis ont versé 1,2 milliard de dollars en précommande.

    D’autres traitements en phase de test 

    D’autres traitements sont porteurs d’espoir et pourraient également être disponibles dans les délais avancés par le président du Conseil scientifique. Parmi eux, il y a l’AT52, un antiviral actuellement en phase II et III d’essais cliniques et permettraient de réduire la charge virale de 80%. L’Alisporivir, actuellement en phase II des essais cliniques, est un autre traitement potentiel. “Dans ces trois cas, la molécule existait déjà et a montré un potentiel sur le SARSCoV2, ce qui est effectivement de nature à accélérer singulièrement une mise sur le marché”, estime Jean Hugues Renault.

    En France, la biotech Xenothera travaille avec l’institut Pasteur de Lille à la mise au point de XAV-19, un anticorps polyclonal dont la fonction est de cibler certains antigènes du virus. Les essais cliniques ont débuté en juin dernier mais le gouvernement a déjà précommandé 30 000 premières doses en cas de validation par Haute autorité de santé. Les premiers résultats sont attendus pour la fin septembre.

    Du côté de l’Organisation mondiale pour la santé (OMS), trois médicaments sont à l’essai. Ces trois traitements sont l’artésunate, l’imatinib et l’infliximab. Ils sont déjà utilisés pour traiter d'autres pathologies. L'artésunate est un médicament contre le paludisme grave, l'imatinib est utilisé contre certains cancers, dont la leucémie, tandis que l'infliximab est utilisé pour traiter la maladie de Crohn, la polyarthrite rhumatoïde et d'autres maladies du système immunitaire.  

    Des médicaments déjà utilisés

    Certains médicaments sont déjà autorisés et utilisés dans les services de soin. Du côté de l’OMS, trois traitements ont reçu le feu vert. Il s’agit de la dexaméthasone, du tocilizumab et du sarilumab. Le premier est un corticoïde prescrit pour les personnes sous assistance respiratoire. Les deux autres, produits par Sanofi, sont des anticorps monoclonaux qui imitent la manière dont le système immunitaire lutte contre le coronavirus. L'OMS a rapporté, dans un communiqué du 6 juillet dernier, que “l'administration de ces médicaments réduit de 13 % le risque de décès par comparaison avec les traitements standard”. C’est “15 décès de moins pour mille patients, et jusqu'à 28 décès de moins pour mille patients atteints d'une forme critique”, précise-t-elle.

    À cela s’ajoute les traitements autorisés en France par la Haute autorité de santé (HAS). Le Ronapreve en fait partie mais il est réservé “en pré-exposition ou post-exposition au Sars-CoV-2, chez des patients immunodéprimés qui ne sont pas protégés malgré une vaccination complète”, précise l’autorité sanitaire. Selon Regeneron, le laboratoire américain qui le fabrique, il pourrait réduire de 70% les hospitalisations et décès.

    Prudence est mère de sûreté

    En attendant l’arrivée d’un traitement, Jean-François Delfraissy reste prudent malgré son optimisme. “Tout peut s’écrouler. Des toxicités inattendues peuvent se révéler durant les tests”, a-t-il souligné.

     

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