Neurologie
Voici pourquoi vous bâillez lorsque vous voyez d'autres personnes le faire aussi
Bâillements contagieux, applaudissements synchronisés… Des chercheurs italiens ont dévoilé de nouveaux mécanismes neuronaux à l'origine du comportement imitatif.
"Les êtres humains ont tendance à imiter spontanément le comportement des autres, même lorsque cela nuit à la tâche à accomplir. Ce phénomène omniprésent lié à l'activation du système moteur cortical. Cependant, la contribution précise de voies distinctes des cortex prémoteur au cortex moteur primaire pour l'imitation n'est pas claire", ont écrit des chercheurs de l’université de Bologne (Italie) dans une étude parue dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS).
80 adultes ont été soumis à un protocole de stimulation cérébrale non invasive
Dans le cadre de ces recherches, l’équipe a utilisé une technique avancée de stimulation cérébrale non invasive, appelée « stimulation associative cortico-corticale appariée » (ccPAS) pour cibler les mécanismes de plasticité du connectome cérébral, à savoir la carte complète des connexions neuronales du cerveau. Pour mener à bien les travaux, les scientifiques ont recruté 80 personnes, qui ont été réparties dans quatre groupe. Tous les adultes ont été soumis à un protocole de stimulation cérébrale non invasive différent. Chaque participant a réalisé deux tâches comportementales, avant et après le traitement : une tâche d'imitation volontaire et une tâche d'imitation automatique. L'objectif était de tester si la manipulation de la connectivité entre les aires frontales (en particulier l'aire prémotrice ventrale, l'aire motrice supplémentaire et le cortex moteur primaire) influence l'imitation automatique et volontaire.
"L'amélioration de la connectivité entre l'aire prémotrice ventrale et le cortex moteur primaire augmente" le comportement imitatif
Les résultats ont montré que différents circuits du système moteur remplissaient des fonctions sociales distinctes et dissociables, et que la direction de la stimulation et la zone ciblé affectaient différemment les circuits neuronaux impliqués dans l'imitation. "Nous avons vu que l'amélioration de la connectivité entre l'aire prémotrice ventrale et le cortex moteur primaire augmente la tendance à imiter automatiquement le comportement des autres, tandis que l'affaiblir a l'effet inverse. Au contraire, le cortex moteur supplémentaire semble avoir un rôle de contrôle cognitif sur le système moteur : l'amélioration de sa connectivité avec le cortex moteur primaire induit en effet une plus grande capacité à éviter l'imitation lorsqu'elle est inappropriée au contexte", a expliqué Sonia Turrini, co-auteure de l’étude.
Selon les chercheurs, ces données ouvrent de nouvelles voies pour comprendre comment la plasticité cérébrale peut être manipulée pour augmenter ou diminuer le comportement imitatif et rendre les personnes moins sensibles aux interférences pendant l'exécution d'une tâche. "Cela pourrait conduire à des applications thérapeutiques pour améliorer les performances cognitives chez les patients souffrant de troubles neurologiques et de troubles de dysfonctionnement social", a conclu Alessio Avenanti, qui a coordonné les recherches.