Psychologie

Stress post-traumatique : le cerveau traite différemment les souvenirs traumatisants

Les régions cérébrales connues pour être impliquées dans la mémoire ne sont pas activées lors du rappel d'une expérience traumatique.

  • Par Chloé Savellon
  • Koldunova_Anna/iStock
  • 05 Déc 2023
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    Chez les personnes atteintes du trouble de stress post-traumatique, le fait que les souvenirs traumatiques resurgissent se manifeste souvent comme des intrusions qui diffèrent profondément du traitement des souvenirs négatifs "normaux. "Ces caractéristiques ont alimenté les théories spéculant sur un état cognitif unique lié à des souvenirs traumatiques. Pourtant, à ce jour, peu de preuves empiriques soutiennent ce point de vue", ont déclaré des chercheurs de l’université de Yale (États-Unis). C’est pourquoi ils ont mené une étude afin de déterminer si les souvenirs liés à des événements traumatisants chez les patients touchés par le trouble de stress post-traumatique sont "une entité cognitive alternative" qui s’éloigne de la mémoire normale.

    Stress post-traumatique : 3 types de souvenirs autobiographiques développés chez les patients

    Dans le cadre des travaux, les scientifiques se sont concentrés sur l’hippocampe et le cortex cingulaire postérieur afin de savoir si ces deux régions cérébrales différencient les souvenirs traumatiques des événements tristes. Pour rappel, le trouble de stress post-traumatique est lié à des anomalies structurelles (principalement une réduction de volume) de l'hippocampe. Quant au cortex cingulaire postérieur, il est fortement impliqué dans la compréhension narrative, le traitement autobiographique et, en particulier, dans l'imagerie de la mémoire émotionnelle.

    Pour leurs recherches, ils ont recruté 28 personnes ayant reçu un diagnostic de trouble de stress post-traumatique. Afin générer des stimuli basés sur les souvenirs autobiographiques individuels des participants, l’équipe a utilisé une procédure de développement d'images. Les volontaires ont développé trois types de souvenirs autobiographiques : ceux associés à leur trouble de stress post-traumatique (par exemple, une agression sexuelle, une violence domestique), des souvenirs tristes mais non traumatisantes (par exemple, le décès d'un membre de la famille ou d'un animal de compagnie), un événement positif et calme (par exemple, des activités de plein air mémorables).

    Ensuite, les adultes ont subi une réactivation de la mémoire autobiographique en écoutant des récits d’environ 120 secondes, racontés par un des chercheurs, décrivant leurs propres souvenirs pendant qu’ils réalisaient une IRM.

    "Le cerveau ne traite pas les souvenirs traumatiques comme des souvenirs réguliers"

    D’après les résultats, publiés dans la revue Nature Neuroscience, dans l’hippocampe, les souvenirs tristes ont suscité des représentations neuronales similaires chez les participants. À l’inverse, des souvenirs autobiographiques traumatiques thématiquement similaires n’étaient pas représentés de la même manière chez les personnes souffrant de trouble de stress post-traumatique. Autre constat : la gravité des symptômes individuels modulait la représentation des récits traumatiques dans le cortex cingulaire postérieur.

    "Nos données montrent que le cerveau ne traite pas les souvenirs traumatiques comme des souvenirs réguliers, voire pas comme des souvenirs du tout. Nous avons observé que les régions cérébrales connues pour être impliquées dans la mémoire ne sont pas activées lorsqu'on se souvient d'une expérience traumatique. Cette découverte fournit une cible neuronale", a conclu Daniela Schiller, co-auteure de l’étude, dans un communiqué.

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