Innovation

Crise cardiaque : une IA peut prédire le risque avec dix ans d’avance

Une intelligence artificielle est capable de détecter le risque d’infarctus du myocarde, lors d’un scanner cardiaque pour des douleurs de poitrine, jusqu'à dix ans à l'avance. 

  • Par Mégane Fleury
  • ipopba/istock
  • 16 Nov 2023
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    12.000 personnes décèdent d’un infarctus du myocarde, chaque année en France. Une innovation majeure pourrait réduire ce chiffre. Des chercheurs de l’université d’Oxford, au Royaume-Uni, ont mis au point une intelligence artificielle, capable de prédire avec dix ans le risque d’infarctus du myocarde. 

    Crise cardiaque : "de petits rétrécissements indétectables peuvent se briser en cas d'inflammation"

    "Chaque année au Royaume-Uni, environ 350 000 personnes subissent un scanner cardiaque – le test standard pour identifier tout rétrécissement ou blocage des artères coronaires, expliquent les auteurs dans un communiqué. Dans environ trois quarts des cas, il n’y a aucun signe clair de rétrécissement significatif, les patients sont donc souvent rassurés et libérés. Malheureusement, beaucoup de ces personnes mourront à l'avenir d'une crise cardiaque, car de petits rétrécissements indétectables peuvent se briser en cas d'inflammation, bloquant ainsi les artères." Jusqu’à récemment, il n’était pas possible d’identifier ces patients à risque.

    Une IA capable d’identifier les facteurs de risque précoces d’infarctus du myocarde 

    Ces récents travaux pourraient y remédier. Financée par la British Heart Foundation, l’étude a permis d’analyser les données de plus de 40.000 personnes ayant subi des scanners cardiaques de routine dans huit hôpitaux britanniques. Les participants ont été suivis pendant une durée médiane de 2,7 ans. Alors que ceux présentant des rétrécissements significatifs des artères coronaires étaient plus susceptibles de subir des événements cardiaques graves ou de mourir, deux fois plus de patients sans rétrécissement significatif ont subi une crise cardiaque ou un décès d’origine cardiaque sur cette période, notent les chercheurs. L’équipe a ensuite utilisé un nouvel outil d’intelligence artificielle : il a été entraîné à analyser des informations sur les modifications de la graisse autour des artères enflammées, qui peuvent indiquer le risque d’événements tels que des crises cardiaques ainsi que des informations sur le rétrécissement des artères et d’autres facteurs de risque cliniques. "Des tests plus approfondis sur 3.393 patients supplémentaires sur une période de 7,7 ans ont révélé que cet outil pouvait prédire de manière indépendante et précise le risque d'événements cardiaques", constatent les scientifiques britanniques. 

    Une réduction de 20 % des crises cardiaques grâce à cette intelligence artificielle 

    Parmi ceux qui ne présentaient aucune obstruction de leurs artères, ceux présentant les niveaux d’inflammation les plus élevés dans leurs vaisseaux sanguins avaient un risque de mort cardiaque plus de 10 fois plus élevé que ceux ayant des niveaux d’inflammation plus faibles. Dans un test sur 744 patients, les scores de risque générés ont permis d’améliorer le traitement pour 45 % du groupe. "La technologie de l’IA pourrait potentiellement sauver la vie de milliers de personnes souffrant de douleurs thoraciques, qui n’ont peut-être pas été identifiées comme présentant un risque de crise cardiaque et n’ont donc peut-être pas reçu un traitement approprié pour réduire leur risque", estiment les chercheurs.

    D’après leurs estimations, cet outil pourrait entraîner une réduction de plus de 20 % des crises cardiaques et de 8 % des décès cardiaques et des accidents vasculaires cérébraux, parmi les personnes subissant le test. "Trop de personnes meurent chaque année inutilement d'une crise cardiaque, rappelle le professeur Charalambos Antoniades, directeur de cette recherche. Il est essentiel que nous exploitions le potentiel de l’IA pour guider le traitement des patients (…). Nous espérons que cette technologie sera déployée (…) et contribuera à sauver chaque année la vie de milliers de personnes qui, autrement, pourraient ne pas être traitées."

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