Pédiatrie

Infections à VRS du nourrisson : vers une nouvelle approche antivirale

Une étude de phase 3 montre que le ziresovir améliore les symptômes de bronchiolite chez les nourrissons hospitalisés pour infection à VRS. Ces résultats promettent de nouvelles options thérapeutiques pour une population fragile.

  • GOLFX/istock
  • 28 Sep 2024
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    Le virus respiratoire syncytial (VRS) est une cause majeure d'hospitalisation chez les nourrissons pendant les épidémies hivernales. Alors que des avancées récentes ont permis le développement de vaccins et d'anticorps monoclonaux pour prévenir les infections graves, le besoin d'un antiviral efficace persiste pour les enfants déjà infectés, notamment ceux qui ne sont pas éligibles aux nouvelles interventions.

    Une étude récente, publiée dans le New England Journal of Medicine, a évalué l'efficacité d'un nouvel antiviral, le ziresovir, chez des nourrissons hospitalisés pour une infection à VRS. Les résultats montrent une amélioration clinique significative, avec une diminution de 30 % des symptômes de bronchiolite dans le groupe traité par rapport au groupe placebo, mesurée par le score clinique de bronchiolite de Wang.

    Une étude randomisée de phase 3 en Chine

    L'étude de phase 3 a inclus 256 nourrissons âgés de 1 à 24 mois hospitalisés pour une infection à VRS. Ils ont été randomisés pour recevoir soit du ziresovir soit un placebo, deux fois par jour pendant cinq jours. Le critère principal de l'étude était l'amélioration du score clinique de bronchiolite à 48 heures.

    Après ajustement pour l'âge, la gravité initiale de la maladie et la durée de l'infection, le ziresovir a entraîné une amélioration significative, avec une réduction de 0,8 point de plus par rapport au placebo (P = 0,002). De plus, la charge virale nasale à 96 heures a diminué plus rapidement dans le groupe ziresovir, avec une différence de −0,7 log10 copies/mL par rapport au placebo.

    Parmi les nourrissons de moins de 6 mois, le ziresovir a montré des résultats encore plus prometteurs, avec une réduction marquée des symptômes. Cependant, des mutations associées à la résistance ont été détectées chez 9 % des patients traités, bien que cela n'ait pas conduit à une recrudescence virale.

    En termes de tolérance, les effets indésirables sont similaires entre les groupes ziresovir et placebo, les plus courants étant la diarrhée (4 % versus 2 %), l'élévation des enzymes hépatiques (3 % dans les deux groupes) et les éruptions cutanées (2 % versus 1 %). Aucun événement de sécurité grave n'a été directement lié au traitement, suggérant un profil de tolérance acceptable pour cette population vulnérable.

    Méthodologie et représentativité des résultats

    Cette étude de phase 3, en double aveugle et contrôlée par placebo, a été menée dans plusieurs centres en Chine, offrant une solide base méthodologique avec un échantillon représentatif de nourrissons hospitalisés pour une infection à VRS. Le critère principal reposait sur le score clinique de bronchiolite de Wang, bien que ce score ne soit pas entièrement validé à l'échelle internationale. Néanmoins, la réduction significative des symptômes à 48 heures et de la charge virale à 96 heures suggère un réel impact clinique du ziresovir.

    Il est important de noter que la médiane du délai entre l'apparition des symptômes et l'administration du traitement était de 4 jours, un moment où la charge virale commence déjà à décroître naturellement. Ce facteur pourrait limiter l'efficacité potentielle du traitement si administré plus tardivement. Comme pour d'autres antiviraux, notamment pour la grippe, une intervention plus précoce pourrait être plus efficace et réduire davantage la sévérité des symptômes.

    Perspectives de recherche et changement de pratique

    Selon un éditorial associé, le ziresovir pourrait représenter une avancée majeure dans le traitement des infections à VRS, particulièrement pour les nourrissons hospitalisés et les enfants à haut risque. L'intégration de ce traitement dès les premiers stades de la prise en charge, notamment dès les consultations en ambulatoire ou aux urgences pédiatriques, pourrait permettre d'éviter certaines hospitalisations et de réduire la charge sur les unités de soins intensifs. De plus, si les résultats sont confirmés par d'autres études, le ziresovir pourrait également s'avérer bénéfique pour des populations encore plus fragiles, comme les enfants immunodéprimés.

    Les prochaines étapes de la recherche devront inclure des essais dans des contextes cliniques plus diversifiés et sur des populations à plus haut risque. En outre, une évaluation de l'efficacité du ziresovir lorsqu'il est administré plus tôt dans le parcours de soin est essentielle. Si l'efficacité précoce du traitement est confirmée, cela pourrait conduire à une modification des protocoles de prise en charge des infections à VRS, en intégrant des critères d'éligibilité pour un traitement antiviral précoce.

    Take-home message

    Le ziresovir se montre prometteur pour réduire les symptômes de bronchiolite chez les nourrissons hospitalisés pour une infection à VRS, avec un bon profil de tolérance. Une administration plus précoce pourrait encore améliorer ces résultats et prévenir des hospitalisations plus graves.

     

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