Oncologie

Cancer du sein HER2 et métastases cérébrales : intérêt d’un anticorps conjugué

Le trastuzumab deruxtecan montre une activité anticancéreuse significative contre les métastases cérébrales dans le cancer du sein HER2-positif.

  • LumenSt/istock
  • 13 Sep 2024
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    Chez les patientes atteintes d'un cancer du sein HER2-positif, les métastases cérébrales représentent un défi thérapeutique majeur. Jusqu'à la moitié de ces patientes développent des métastases cérébrales, souvent associées à un pronostic plus sombre comparé aux cancers qui n'ont pas envahi le cerveau. Les traitements actuels, comme la chirurgie et la radiothérapie, offrent une réponse temporaire avec une progression de la maladie dans le système nerveux central observée dans les six à douze mois suivant le traitement.

    Les résultats de l'essai clinique DESTINY-Breast12, mené par le Dana-Farber Cancer Institute et présentés au Congrès de European Society of Medical Oncology (ESMO 2024), et publié simultanément dans Nature, suggèrent que le trastuzumab deruxtecan (T-DXd), un anticorps conjugué, pourrait répondre à ce défi. Ce médicament, qui cible directement les cellules cancéreuses, démontre une activité anticancéreuse substantielle contre les métastases cérébrales chez ces patientes, renforçant les résultats de précédentes études de moindre envergure.

    Données clés et tolérance

    L'essai DESTINY-Breast12 a inclus 504 patientes atteintes de cancer du sein HER2-positif traitées dans 78 centres de cancérologie en Europe occidentale, au Japon, en Australie et aux États-Unis. Parmi elles, 263 avaient des métastases cérébrales actives ou stables, tandis que 241 n'en avaient pas. Toutes les participantes avaient reçu au moins un traitement antérieur avant leur inclusion dans l'essai.

    Après un suivi médian de 15,4 mois, la survie sans progression est de 17,3 mois pour celles ayant des métastases cérébrales, avec un taux de survie sans progression à 12 mois de 61,6 %. Une réponse objective intracrânienne est observée chez 71 % des participantes. De plus, 90 % des patientes, avec ou sans métastases cérébrales, sont encore en vie un an après le début du traitement par trastuzumab deruxtecan.

    Les effets secondaires observés sont cohérents avec les études antérieures et incluent des nausées, une constipation, une neutropénie, une fatigue, et une anémie. La maladie pulmonaire interstitielle (ILD), un effet secondaire connu et potentiellement fatal du trastuzumab deruxtecan, est observée à des taux similaires aux études précédentes, nécessitant une vigilance continue.

    Un large suivi de cohorte

    Les données présentées dans cette étude proviennent de l’essai clinique international DESTINY-Breast12, mené dans 78 centres spécialisés à travers le monde. La qualité méthodologique de l'étude est renforcée par l'inclusion d'un large échantillon de patientes et par la diversité géographique des centres participants.

    Toutes les patientes incluses avaient déjà reçu au moins une ligne de traitement antérieure, ce qui reflète une population cliniquement pertinente. La robustesse de la méthodologie et la rigueur des analyses statistiques confèrent une représentativité élevée aux résultats obtenus, soutenant leur application potentielle dans la pratique clinique.

    Synthèse et perspectives de recherche

    Les résultats de l'essai DESTINY-Breast12 démontrent que le trastuzumab deruxtecan offre une nouvelle option thérapeutique prometteuse pour les patientes atteintes de cancer du sein HER2-positif avec métastases cérébrales. Son efficacité substantielle et durable dans le cerveau, associée à un profil de tolérance comparable aux études antérieures, en fait un candidat important pour une utilisation future.

    Cependant, la vigilance vis-à-vis de la maladie pulmonaire interstitielle reste cruciale. À l’avenir, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour évaluer l’utilisation du T-DXd dans différents contextes cliniques et pour explorer son potentiel combinatoire avec d’autres traitements afin d’optimiser les résultats pour cette population de patientes.

     

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