Crampes : un traitement adapté selon la cause et la douleur

Publié le 17.11.2015
Mise à jour 29.11.2022
Mots-clés :
Crampes : un traitement adapté selon la cause et la douleur
Zbynek Pospisil / iStock

Les crampes musculaires correspondent à une contraction douloureuse, soudaine et involontaire, d’un ou plusieurs muscles. Si elles sont prolongées ou récidivantes, elles doivent être explorées.

Crampes : un traitement adapté selon la cause et la douleur : COMPRENDRE

Des mots pour les maux

Une crampe musculaire correspond à la contraction involontaire d'un muscle qui ne se relâche pas.
La « crampe de l’écrivain » est un phénomène différent qui est plutôt secondaire à un trouble neurologique et qui doit être considéré à part.

Qu'est-ce qu’une crampe ?

Une crampe est une contraction musculaire brutale, involontaire, très douloureuse, généralement localisée à un muscle et généralement brève (quelques minutes).
Durant la crampe, le muscle atteint est douloureux et raide et la contraction musculaire est visible. La plupart des crampes disparaissent au bout de quelques minutes, mais le muscle peut rester sensible plusieurs heures après.
Les muscles les plus souvent atteints sont ceux des membres inférieurs, puis des membres supérieurs.
Les crampes peuvent survenir le jour ou la nuit.

Crampes : un traitement adapté selon la cause et la douleur : CAUSES

A quoi sont dues les crampes ?

Le mécanisme de survenue des crampes est mal connu, mais un déséquilibre en eau et en sels minéraux à l’intérieur des cellules musculaires ou une perturbation de la commande nerveuse des muscles sont régulièrement incriminés.
• La cause la plus fréquente est la déshydratation et la perte de sel suite à une transpiration abondante en contexte sportif ou en cas de chaleur excessive. Une déshydratation et une perte de sel au cours de la transpiration peut en effet conduire à une modification de l’équilibre des sels minéraux à l’intérieur des cellules musculaires.
Cela s’explique par le fait que, lors de la transpiration, il y a une perte d’eau, mais aussi de sel (Na+) : la transpiration est en effet salée. En raison de cette perte de sel, et pour la compenser le sel qui sort de la cellule, la concentration en calcium (Ca++) augmente dans les cellules pour conserver le même équilibre électrique de chaque côté de la membrane cellulaire.
Or dans le muscle, la concentration en calcium est très liée à la contraction des fibres musculaires : pour qu’une fibre musculaire se décontracte, sa concentration en calcium doit baisser et c’est plus compliqué en cas de déshydratation (« surcharge intracellulaire en calcium »).
Au cours de la transpiration, il existe une perte associée de potassium et de magnésium qui peut aussi jouer un rôle dans l’apparition des crampes.
• Des crampes peuvent également survenir la nuit, en particulier chez le sujet âgé, et sont le plus souvent localisées au niveau du mollet et du pied. Elles obligent la personne à se lever, à marcher ou à étirer le muscle.
Dans ce cas, on incrimine la responsabilité d’une mauvaise position de la jambe au cours du sommeil (pied en flexion plantaire avec raccourcissement maximal du muscle du mollet, par exemple lorsque l’on dort à plat ventre) et une fatigue.
• Des crampes peuvent aussi survenir au cours de différentes maladies neurologiques où il existe un désordre de la conduction nerveuse et neuromusculaire.
C’est le cas au cours des radiculonévrites, des polynévrites et des souffrances radiculaires au cours des sciatiques.
• Des crampes peuvent également être retrouvées au cours des maladies des muscles (« myopathies »).
D’autres circonstances peuvent aussi favoriser la survenue de crampes :
• Il en est ainsi de la déshydratation chez l’insuffisant rénal lors des séances d’hémodialyse où une perte importante en eau et en sel a été nécessaire du fait de la trop forte prise de poids par le malade entre 2 séances.
• La prise de certains médicaments peut déclencher des crampes. C’est le cas avec les diurétiques et les laxatifs, qui vont perturber l’équilibre en eau et en sels minéraux, mais c’est aussi le cas avec certains bêtabloquants, les bêtamimétiques, les corticoïdes, les diurétiques, les laxatifs, la nifédipine, le strontium… et avec certains traitements visant à faire baisser le cholestérol sanguin ou « hypocholestérolémiants » (fibrates, statines). Dans ce dernier cas il est important de consulter.
• Certaines maladies endocriniennes peuvent donner des crampes, notamment par le déséquilibre en eau et en sels minéraux qu’elles induisent (hyperinsulinémie, maladie des surrénales, de la thyroïde ou des parathyroïdes).
• La cirrhose et les intoxications aux métaux lourds peuvent aussi donner des crampes
Enfin, on invoque régulièrement un déficit vitaminique à l’origine des crampes mais les preuves sont assez ténues.

Crampes : un traitement adapté selon la cause et la douleur : CONSULTATION

Quand faut-il consulter ?

Les crampes correspondent dans la majorité des cas, à un trouble bénin qui ne nécessite pas de consultation médicale. Cependant, un avis médical peut se révéler nécessaire si les crampes récidivent trop souvent, si elles persistent trop longtemps ou si elles sont associées à d’autres signes ou à un retentissement (sommeil).
Certaines maladies peuvent se manifester par une douleur qui peut, dans un premier temps, être confondue avec une crampe, mais en général, rapidement, d’autres signes vont apparaître.
En cas de prise d’un traitement quotidien qui favorise les crampes, il faut demander à son médecin s’il est possible de l’arrêter. Il ne faut pas l’arrêter de soi-même le traitement avant d'avoir consulté, y compris en cas de prise d’un traitement contre le cholestérol.
Si les douleurs musculaires sont apparues depuis l'administration d'un traitement contre l'excès de cholestérol (en particulier statine), il est important de consulter. Ce traitement ne sera pas forcément arrêté, mais il est important que le médecin vérifie que ces crampes ne soient pas le témoin d’une mauvaise tolérance au médicament.

Comment faire le diagnostic crampes ?

Une crampe correspond à une douleur localisée à une partie du muscle, à un muscle entier ou à un groupe de muscles qui participent au même mouvement. Les muscles sont durs et douloureux à la palpation. La contracture musculaire gêne le fonctionnement normal du groupe musculaire concerné.
En cas de répétition trop régulières de crampes musculaires, l'intervention d'un médecin est nécessaire : il analysera les antécédents de la personne, l'intensité, la localisation, la fréquence des crampes musculaires et il relèvera les médicaments pris.
Des analyses de sang pourront être prescrites afin de déceler la présence d'une maladie musculaire (CPK, transaminases), d’une carence en vitamine, en phosphore, en potassium et en magnésium. Une évaluation de la thyroïde est souvent réalisée dans ce contexte.
Ce n’est que dans les cas les plus sévères, et surtout en cas d’association à d’autres signes qu’un électromyogramme pourra être demandé à la recherche d’une sciatique débutante ou résiduelle ou une autre maladie neurologique.

Avec quoi peut-on confondre une crampe ?

Les crampes ne doivent pas être confondues avec un étirement ou une déchirure musculaire. Dans ce cas la douleur apparaît après un traumatisme du muscle.
Elles ne doivent pas non plus être confondues avec une courbature (qui est une simple douleur résiduelle du muscle sans contraction), une claudication liée à une ischémie artérielle (douleur du mollet survenant à l’effort, toujours après la même distance), une crise de tétanie.

 

Crampes : un traitement adapté selon la cause et la douleur : QUE FAIRE ?

Que faire en cas de crampe ?

Une crampe peut provoquer une forte douleur. Mais elle peut être rapidement soulagée grâce à quelques gestes simples : il faut étirer puis masser le muscle atteint par la crampe.
S’il s’agit par exemple d’une crampe au mollet, il faut lever la jambe et tirer sur la pointe du pied vers le corps pour allonger au maximum le mollet. Une autre technique simple consiste à se placer face à un mur, à un mètre de distance, et à se pencher en avant en s'appuyant sur le mur, les talons restant au sol.
La posture est maintenue 10 secondes pour étirer les mollets. La manœuvre est répétée après 5 secondes de repos.
Une fois la crampe passée, il faut essayer de marcher doucement puis se réhydrater en buvant de l’eau ou de l’eau légèrement salée.
Si la douleur musculaire persiste après la crampe, il est possible prendre du paracétamol, voire un anti-inflammatoire non stéroïdien (ou « AINS ») en vente libre (ibuprofène).
Ces douleurs résiduelles peuvent être liées à des microdéchirures musculaires apparues au cours de la contraction de la crampe et qui vont cicatriser en quelques jours.

Comment traiter une crampe récidivante ?

• Lorsque les crampes musculaires sont en lien avec une cause précise, la prise en charge de cette dernière permet de soulager le patient : traitement de la cause ou de la maladie ou remplacement éventuel du médicament.
Un médicament contre la douleur (paracétamol, ibuprofène) et un décontractant musculaire peuvent aider à soulager les cas difficiles.
• Lorsque les crampes récidivent et n'ont pas de cause définie, un traitement des crampes invalidantes peut nécessiter, si les mesures simples sont insuffisantes, l’utilisation de médicaments contenant de la quinine.
La quinine n'est toutefois qu'un traitement d'appoint, à l’efficacité modeste, et des effets indésirables immuno-allergiques sont parfois observés qui nécessitent l'arrêt du traitement. Il est donc important de signaler immédiatement toute anomalie sous ce traitement à son médecin traitant.
Le traitement doit également être arrêté s’il n’a pas apporté d’amélioration au bout de 4 semaines. En cas de diminution significative des crampes, un arrêt du traitement est envisagé après quelques mois.
• Une supplémentation en magnésium peut être intéressante dans certains cas. Elle peut se faire en mangeant des bananes ou des noix et noisettes, des eaux de boissons riches en magnésium ou des suppléments en magnésium.
Des cures de 15 jours peuvent être testées.

Crampes : un traitement adapté selon la cause et la douleur : PREVENIR

Comment éviter les récidives ?

• Il est recommandé de s’hydrater correctement en buvant régulièrement sans attendre d’avoir soif (surtout en période de chaleur), de manger sainement et de privilégier les eaux et les aliments riches en magnésium pour les sportifs et les femmes enceintes (germe de soja, riz, pain complet, noix, bananes…)
• En cas de crampes nocturnes, il est possible d’étirer les muscles touchés habituellement par les crampes. Dans le lit, il est préférable que le pied ne soit pas en extension maximale, c'est-à-dire la pointe du pied tendue : le pied doit être à angle droit avec la jambe. Ainsi, le muscle du mollet n'est pas en raccourcissement maximal, il est donc moins sujet aux crampes.
Pour cela, en cas de sommeil à plat ventre, il faut mettre les pieds hors du lit ou mettre un coussin sous les tibias, et en cas de sommeil sur le dos, il est possible de placer la plante du pied à angle droit avec la jambe contre un coussin placé au fond du lit.
• En cas de crampes lors des exercices, il est conseillé de faire régulièrement des exercices d’étirement, de la marche ou du sport.
Avant un exercice intense, il faut se préparer par un entrainement adapté, bien s’échauffer, manger de façon adaptée pour constituer des réserves d’énergie et d’eau suffisantes et compenser les pertes d’eau et de sel pendant l’activité.
Il est probablement intéressant de terminer la séance de sport par des exercices de relaxation des muscles.

Pour laisser un commentaire, Connectez-vous par ici.