Mort clinique
Femme "ressuscitée" : le corps est capable de mimer la mort
Le récit de personnes déclarées décédées, mais qui se réveillent quelques heures plus tard, sont courants et pour cause : le corps peut mimer la mort.
Ultimes instants de vie. Se sentir partir : cœur qui s’arrête, yeux qui se voilent, dernier soupir. C’est l’heure de mourir. Et puis finalement… non. Les récits de revenants rythment l’actualité. Au moins une fois par an, c’est la même trame : un bébé manifestement mort éclate en sanglots dans l’antichambre du crématorium ; il a eu chaud. Un vieillard passe l’arme à gauche, direction la morgue dans une housse, dont il tente d’ouvrir la fermeture éclair un peu plus tard. Les légistes le sortent de là. L'homme pète la forme – en tout cas, il est bel et bien vivant.
Presque morte
Très récemment, une scène similaire de presque-mort s’est produite à Paris. Une femme de 49 ans, atteinte d’anorexie sévère, est déclarée morte le jeudi 20 avril 2017 à 18h15 d’un arrêt cardiaque. Après avoir tenté de la réanimer, le Samu et les pompiers constatent le décès. Les médecins demandent à la police d’intervenir pour effectuer un dernier examen, comme il est d’usage dans le cas de décès aux causes incertaines.
Une heure plus tard, la police arrive et ausculte le corps a priori inanimé. Etrange, le ventre bouge, remarquent les agents qui prennent immédiatement le pouls. Et constatent, en effet, que la mère de famille est en vie. Transfert immédiat à l’hôpital Necker.
Fausse mort
« Ces situations survenaient très souvent avant que les moyens techniques de la médecine moderne ne permettent d’évaluer la mort clinique de manière plus fine, mais dans certains cas particuliers, cela peut encore arriver », commente le Dr Christophe Prudhomme, porte-parole de l’Association des urgentistes de France.
En effet, lorsque le métabolisme d’une personne fonctionne de manière particulièrement ralentie, « on a un état clinique qui mime la mort », explique l’urgentiste. C’est le cas lors d’une hypothermie : l’organisme ne fonctionne plus qu’au ralenti, avec une activité cardiaque presque indétectable. En réalité, la personne n’est pas forcément morte et lorsque son corps sera réchauffé, elle peut reprendre vie.
« Il y a d’ailleurs des procédures spécifiques pour les hypothermies brutales : même si le cœur est à l’arrêt, il faut attendre que la température corporelle soit remontée à 35 degrés pour déclarer la mort ». Dans le cas de l’anorexie, comme dans l’hypothermie, l’affaiblissement de l’organisme peut mimer la mort sans l’avoir réellement atteinte
« Mort constante »
En fait, déclarer la mort n’est pas si facile. A domicile, en l’absence d’électrocardiogramme, les équipes constatent le décès après avoir vérifié l’absence de respiration, de pouls, de réactions aux stimulations, puis lorsque le corps de refroidit et laisse apparaître des raideurs, des lividités, des taches brunes liées au sang qui stagne. « On appelle cela la rigidité cadavérique », explique Christophe Prudhomme.
Certains signes ne trompent pas, et pourtant… « Dans un contexte de mort prévisible – après un accident, une noyade… - les équipes peuvent passer à côté de signaux très faibles ».
A l’hôpital, après le décès, le corps est gardé deux heures sur le lit afin de s’assurer, justement, qu’il ne se réveille pas. « Il faut que la mort soit réelle et constante pour certifier le décès », précise Christophe Prudhomme.
Double trépas
De là à s’imaginer que nos morts se réveillent dans leur cercueil en tentant désespérément de s’y extraire, il n’y a qu’un pas… a priori infranchissable. « En fait, l’état végétatif du métabolisme ralenti peut durer quelques heures, mais pas davantage ».
D'ailleurs, les récits de revenants ne finissent toujours pas très bien car l'organisme conserve des séquelles liées au fonctionnement anormal du métabolisme. Souvent, il arrive qu'après avoir ressuscité, la personne meurt, quelques heures plus tard, une seconde fois... et pour de bon.