Zika, Ebola...
Epidémies : les Français s’estiment mal renseignés
Les Européens, et en particulier les Français, disent manquer d’informations lors des grandes épidémies et réclament plus de transparence.
Ebola, Zika, Chikungunya … Les grandes épidémies passent et se succèdent. Il y a bien longtemps qu’elles n’ont pas touché la France métropolitaine, ni même l’Europe. Mais le développement technologique de la communication a permis leur vaste diffusion médiatique sur le continent. Désormais, la population européenne ne peut plus ignorer quand son voisin l’Afrique ou l’Asie est lui-même frappé par une grande épidémie.
Cela génère une conscience des risques et de la menace pandémique. Pour évaluer la réalité de cette conscience, le degré d’anxiété généré par la diffusion des maladies, l’Europe a souhaité sonder sa population à travers une « Consultation Citoyenne », sorte de questionnaire financé par la Commission Européenne, avec pour objectif l’émission de recommandations à destination des décideurs politiques au sujet des risques épidémiques.
Le généraliste, source fiable
Huit pays ont participé à ces travaux (France, Bulgarie, Danemark, Irlande, Italie, Roumanie, Norvège et Suisse), pour quelques 400 citoyens interrogés. L’étude révèle que globalement, les citoyens européens ne sont pas satisfaits des informations émanant des autorités de santé publique pendant une épidémie. Seuls 29 % se déclarent satisfaits et moins encore en France, où ce taux chute à 15 %. « Deux exceptions cependant : le Danemark avec 48 % de satisfaction et 64 % en Norvège », peut-on lire.
La source d’information la plus fiable pour les Français pendant une épidémie est d’abord le médecin généraliste (84 % de confiance), les autorités européennes de santé (65 %) et les autorités nationales de santé (65 %). Les moins fiables étant internet (41 %), la télé (49 %) et la radio (52 %), précise le sondage.
Le doute est permis
En cas d’épidémie, les citoyens européens interrogés pensent que l’information la plus importante qui doit leur parvenir depuis les autorités de santé publique est « quoi faire » (67 %) et « quelles sont les modalités de transmission » (19 %). En France, ces deux informations sont d’importance égale avec respectivement 53 % et 40 %. « Elles devraient faire partie de la stratégie de communication nationale et internationale, lors d’une épidémie ».
D’ailleurs, la transparence est la pierre angulaire d’une communication réussie sur les épidémies, à en croire ce sondage. Les citoyens pensent ainsi que « l’honnêteté et une bonne communication peuvent renforcer la confiance publique (peu importe la gravité de la situation), et qu’ils sont dans leur droit de savoir et comprendre quelle est la situation réelle. Ils peuvent même accepter l’incertitude scientifique si celle-ci est bien expliquée », lit-on encore.
Mesures de sécurité
Quant aux mesures de sécurité en cas d’épidémie, on observe quelques différences selon les Etats. Plus de 82 % des citoyens européens consultés considèrent que les services publiques (écoles, administrations…) devraient être fermés en cas d’épidémie telles que Zika ou Ebola. En France, 60 % des personnes sont du même avis et au Danemark, 93 % des sondés pensent ainsi.
Pour les événements internationaux, tels que les Jeux Olympique, 69 % des citoyens européens pensent qu’il convient de les annuler en cas d’épidémie, contre 55 % des Français.
Enfin, la vaccination semble faire consensus. En effet, 85 % des citoyens européens consultés considèrent que les autorités publiques de santé de leur pays devraient mettre en place la vaccination obligatoire contre la grippe pour les personnels de santé, par exemple.
Transparence et intérêt public
Forts de ces résultats, les auteurs de cette consultation recommandent, en cas d’épidémie, une grande transparence et une communication claire du risque, afin de restaurer la confiance de la société.
« Les intérêts de santé publique devraient prendre le dessus sur la liberté individuelle au cours d’une épidémie », écrivent encore les rapporteurs, suggérant que la logique libérale, à l’œuvre en temps normal, doit être mise entre parenthèse si nécessaire lors d’une épidémie. Enfin, « les autorités de santé devraient attribuer plus de ressources pour la contribution des citoyens à la mise en place des politiques de préparation et de réaction aux épidémies ».