Information mensongère aux volontaires

Essai clinique de Rennes : Biotrial dément les accusations

Biotrial aurait caché les effets secondaires dangereux de la molécule lors de l’essai clinique, d’après Le Figaro. Une information démentie par le laboratoire.

  • Par Jonathan Herchkovitch
  • David Vincent/AP/SIPA
  • 23 Avr 2016
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    C’est une accusation en bonne et due forme qu’a émise Le Figaro hier. L’enquête se poursuit pour déterminer les responsabilités du laboratoire pharmaceutique Bial et de l’entreprise en charge de l’essai clinique de Rennes, Biotrial, dans la mort d’un participant et l’hospitalisation de plusieurs autres. Le quotidien affirme que les deux entités auraient « menti aux volontaires », qui « n’ont pas été informés des lésions observées chez l’animal » lors des essais de phase préclinique.

    Le quotidien s’appuie sur la lettre d’information et sur le formulaire de consentement des volontaires sains, les documents fournis aux candidats pour l’essai clinique de phase I, qu’il se serait procuré. Il y serait noté que les études précliniques « n'ont révélé aucun effet sur l'état comportemental, sur le transit gastro-intestinal et sur la fonction rénale ».

    Or, cette affirmation est contredite par le comité scientifique spécialisé temporaire (CSST), nommé par l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). Le CSST avait en effet relevé des atteintes cérébrales chez le rat et les primates, et des lésions pulmonaires chez le chien, pour des doses élevées de la molécule testée.

    Une histoire de doses

    Le laboratoire Bial a immédiatement démenti l’information par un communiqué, estimant que « Biotrial n'a ni menti ni caché quoi que ce soit aux volontaires ». Lors des études précliniques sur la molécule, « il n'y avait pas de risques neurologiques avérés par rapport aux doses données aux testeurs », a insisté le directeur général de Biotrial, François Peaucelle, interrogé vendredi par l'AFP.

    Les responsables de l’essai se défendent en jouant sur les doses. Les principes sont pourtant clairs : « une recherche ne peut être menée sans information de la personne sur laquelle est mené l'essai et sans qu’elle ait donné son consentement libre et éclairé », peut-on lire sur un document émanant du LEEM, le syndicat des entreprises du médicament. « Avant d’accepter ou de ne pas accepter de participer à un essai clinique, la personne est informée par le médecin qui dirige l’essai, le médecin investigateur ou un médecin le représentant. L’information doit être objective, loyale et compréhensible par le sujet. Toutes ces données sont résumées dans un document d' information écrit remis à la personne dont le consentement est sollicité. »

    La justice suit son cours

    Un engagement qui semble avoir été oublié, au moins en partie, lors de l’essai de Rennes. Cette semaine, le jour même de la diffusion du rapport final établi par le comité d’experts de l’ANSM, mettant en avant des failles majeures, l’agence française du médicament avait fait l’objet d’une perquisition dans le cadre de l’enquête. L’existence d’une note interne et confidentielle de l'ANSM évoquant l'alerte d'un évaluateur sur des effets toxiques sur le système nerveux d'animaux soumis aux tests préliminaires aurait pu justifier cette perquisition.

    « Les informations contenues dans cette note jettent un sérieux doute sur le bien-fondé de l'autorisation de poursuite des essais de cette molécule sur l'homme », avait indiqué mardi dans un communiqué Me Jean-Christophe Coubris, avocat de la famille du patient décédé, qui accueille avec « satisfaction » cette perquisition, espérant « qu'à travers cette démarche de la justice sortira une vérité autrement plus cohérente que les conclusions présentées par les experts ».

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