CHU du Kremlin-Bicêtre (94)

AP-HP : deux médecins jugés après la mort d'une fillette

Un chirurgien et une anesthésiste de l'AP-HP sont jugés pour homicide volontaire ce vendredi à Créteil. En 2009, Camille, 6 ans, est morte cinq jours après une intervention banale. 

  • Par Julien Prioux
  • vilevi/pix5
  • 08 Avr 2016
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    Un médecin et une anesthésiste sont jugés ce vendredi à Créreil suite à la mort de Camille, une petite fille de 6 ans, en 2009, au CHU du Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne). Ils devront répondre d'« homicide involontaire » aux côtés de l'Assistance Publique des Hôpitaux de Paris (AP-HP), qui se trouve également sur le banc des prévenus.

    L'histoire remonte au 24 septembre 2009, lorsque la fillette est admise dans cet hôpital de la banlieue parisienne car elle souffre d'infections urinaires chroniques. Les médecins décident alors de programmer pour le lendemain, une intervention chirurgicale, dite « de Cohen », censée y mettre fin.
    Et c'est là que le cauchemar commence, Camille est prise de poussées de fièvre, vomissements, et son cœur s'emballe.
    Son état de santé se dégrade au fil des heures jusqu'à l'arrêt cardiaque qui entraînera son décès « par choc septique », d'après l'autopsie pratiquée.

    La famille décide alors de porter plainte et une enquête est ouverte. Elle va dévoiler une série de négligences au sein de l'équipe médicale. La veille de l'opération, un germe infectieux est détecté dans les urines de la fillette, ce qui « aurait dû conduire au report de l'intervention chirurgicale », selon trois experts mandatés par la juge d'instruction. Mais ni le chirurgien, ni l'anesthésiste ne pensent à consulter les résultats de cet examen obligatoire. 

    Une succession d'erreurs 

    Dans Le Parisien, le chirurgien assume sa responsabilité, tout en précisant que c'était « avant tout à l'interne (...) et à l'infirmière » d'attester que le dossier médical du patient était complet. L'anesthésiste estime pour sa part que « ce n'était pas dans les attributions systématiques de l'anesthésiste », mais dans celles du chirurgien, de s'assurer de l'existence d'un tel examen, dont le résultat « devait avoir été vérifié en amont » par un interne de garde. 

    Sauf que trois jours après l'intervention, les erreurs se sont encore accumulées. Informé de la présence d'une bactérie dans les urines de la fillette, le chirurgien a par exemple posé un mauvais diagnostic et prescrit un traitement antibiotique par voie orale, inadapté et insuffisant, selon les experts. 
    Enfin, malgré la persistance des symptômes chez la fillette, l'anesthésiste ne s'est pas déplacé dans la chambre de Camille. Une faute selon les experts, qui estiment que l'enfant aurait dû être transféré en réanimation, « ce qui aurait peut-être permis d'éviter le décès ».

    Depuis le drame, aucune intervention chirurgicale ne débute dans ce service sans la lecture d'une check-list devant l'ensemble du personnel soignant présent dans le bloc opératoire. 

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