Tabac, alcool, cannabis
Les ados adeptes des jeux à gratter plus exposés aux addictions
Les adolescents qui jouent à des jeux de hasard et d’argent seraient plus à risque de consommer des substances psychoactives, selon une étude italienne.
Ado joueur, jeune accro. Le raccourci est un peu simpliste, certes, mais il s’inspire d’une observation scientifique récente. Selon une étude italienne de l’Université de Padova, les jeunes qui jouent à des jeux de hasard et d’argent (JHA) constituent une population à risque de consommer des substances psychoactives.
Poker, pari, grattage
Pas de causalité entre les jeux et ces produits ; dans ces travaux publiés dans la revue Journal of Developmental & Behavioral Pediatrics, les chercheurs n’établissent qu’un lien d’association. Pour fonder ce lien, 1325 collégiens (de la sixième à la quatrième) ont été interrogés sur leur expérience des jeux d’argent (vidéo poker, paris en ligne, tickets à gratter), ainsi que sur leur consommation de tabac, d'alcool, deccannabis et decboissons énergisantes.
Les résultats révèlent d’abord un taux élevé de joueurs au sein de ce groupe. Parmi les élèves de quatrième, 46 % des garçons et 35 % des filles ont déclaré avoir déjà joué à au moins l’un des jeux cités ci-dessus – les tickets à gratter étant les plus populaires.
Par ailleurs, les jeunes joueurs étaient plus nombreux à déclarer consommer des substances psychoactives. Ainsi, 60 % des adolescents fumeurs de tabac, 73 % des consommateurs d’alcool et 63 % des fumeurs de marijuana jouaient également à des JHA.
Accessibles "au coin de la rue"
« Les jeunes d’aujourd’hui sont la première génération pour qui les jeux de hasard et d’argent sont accessibles au coin de la rue et sur Internet », expliquent les auteurs, qui rappellent que le lien entre ces jeux et la consommation de produits psychoactifs chez les adolescents a fait l’objet de nombreuses études précédentes.
L’intérêt de ces travaux, selon leurs auteurs, consiste à montrer la très forte popularité de ces jeux chez les jeunes adolescents, malgré les limites d’âges auxquels ils sont censés être soumis. Les parents doivent avoir conscience des risques associés à cette activité, afin d’ajuster leur message de prévention à destination de leurs enfants, soulignent encore les chercheurs. La raison de cette association reste ouverte au débat. « L’impulsivité pourrait être un dénominateur commun significatif », suggèrent-ils.
Un jeune sur deux en France
En France, en 2011, près de la moitié (44 %) des jeunes Français de 17 ans ont déjà joué à un JHA au cours de leur vie et 39 % au cours des 12 derniers mois, selon des données de l’OFDT. Bien qu’interdite aux mineurs dans la loi de 2010, la pratique de jeux en ligne est déclarée chez les adolescents de 17 ans par 14 % des joueurs dans l’année.