Objets connectés, séquençage génomique
Médecine du futur : Marisol Touraine voit loin
Lors du colloque sur la médecine personnalisée, la ministre de la Santé a présenté l'engagement de l'Etat pour l'innovation au service du bien-être.
Marisol Touraine souhaite accélérer le développement de la médecine personnalisée. A l’occasion du colloque organisée par Genopôle et Amgen, la ministre de la Santé a présenté les différentes mesures prises pour soutenir le développement de l’innovation dans ce domaine et l’émergence de la médecine de demain.
« L’enjeu, c’est d’innover pour améliorer le bien être des patients », a-t-elle déclaré ce matin en précisant qu’à l’avenir « non seulement le patient sera acteur de sa santé mais la médecine elle-même s’adaptera à lui ».
De fait, la multiplication des objets connectés, des biotechnologies et l’arrivée du séquençage génomique dans la pratique médicale quotidienne vont bouleverser la manière de soigner et de guérir.
Soutien institutionnel et financier
Pour répondre à ces enjeux, la ministre, en collaboration avec son collègue de l’Economie et le secrétaire d’Etat à l’enseignement supérieur, ont lancé fin novembre les travaux de la Solution « Médecine du Futur ». Ce comité, présidé par André Syrota, ancien président de l’INSERM et Olivier Charmeil, PDG de Sanofi Pasteur, réunira des personnalités issues du monde académique, industriel et associatif.
Leurs réflexions porteront sur la médecine de précision, la médecine connectée, la médecine réparatrice et leurs impacts sur l’organisation des soins. Ils devront rendre une feuille de route d’ici la fin du premier trimestre de 2016.
La ministre a également rappelé que le Premier ministre a confié au président d’Aviesan (organisme rassemblant les grands acteurs en sciences de la vie et de la santé en France), « la mission d’établir des recommandations pour permettre à la France d’introduire le séquençage du génome entier dans la pratique médicale hhabituelle au même titre que l’IRM ou le scanner ». Ces recommandations devraient être émises dans les prochaines semaines.
Le soutien financier a également été renforcé. Dans le cadre du programme d'investissement d'avenir, l'Etat donne 33 millions d'euros ainsi que 6 milliards dans le cadre de la loi de financement de la sécurité sociale 2016. Un fond doté de 100 millions d'euros vient également d'être créé poour accompagner « les jeunes pousses industrielles ».
Une évolution sociale et éthique
Par ailleurs, ce soutien à la médecine personnalisée s’accompagne d’une réflexion éthique et sociale sur le sens de cette évolution. « L’innovation en santé ne doit avoir qu’un seul objectif : soigner avec plus d’efficacité le plus grand nombre de patients. L’innovation doit profiter à tous, elle ne peut être un luxe réservé à quelques privilégiés », a jugé Marisol Touraine.
Pour garantir l’égalité d’accès aux traitements innovants, la ministre de la Santé a rappelé que ces thérapies pouvaient bénéficier d’une autorisation temporaire d’utilisation (ATU) en quelques jours. Elle a notamment cité le cas du Truvada prescrit en prévention d'une infection par le VIH chez les personnes à haut risque.
La ministre estime également que l’accès à tout et à tous à cette médecine d’excellence passe par l’information. Une journée nationale de l’innovation en santé sera ainsi organisée. « La première édition aura lieu les 23 et 24 janvier 2016 prochain à la Cité des Sciences et de l’Industrie », a-t-elle annoncé.
Sur le volet éthique, en particulier sur les questions soulevées par l’accès au séquençage génomique, la ministre saisira prochainement le Comité consultatif national d’Ethique (CCNE) afin qu’une réflexion complète, participative et sereine sera organisée.