Efficace dans les allergies respiratoires
Allergie à la cacahuète : comment fonctionne la désensibilisation
Des chercheurs sont parvenus à désensibiliser de nombreux enfants à une allergie à l’arachide. Ils ont utilisé l’immunothérapie qui fonctionne un peu comme une vaccination.
- L'immunothérapie est particulièrement indiquée contre les allergies aux pollens Stephen M. Katz/AP/SIPA
Soigner une allergie à l’arachide en mangeant jusqu’à 10 cacahuètes : voilà l’expérience à laquelle se sont prêtés 99 enfants. Une étude, parue dans The Lancet ce 30 janvier, décrit le protocole d’une désensibilisation aux allergies alimentaires. Les enfants allergiques ont ingéré des doses croissances de cacahuète via un comprimé oral à placer sous la langue. Au terme de la première phase de 6 mois, 84% des participants pouvaient consommer jusqu’à 5 cacahuètes sans réaction allergique. A la fin de la deuxième phase de 6 mois, 94% le pouvaient, dont la moitié pouvait en consommer jusqu’à 10.
Injecter l'allergène ou l'avaler
La désensibilisation, plus souvent appelée « immunothérapie allergénique », est en plein développement. Mais comment fonctionne-t-elle et à qui s’adresse-t-elle ? L’immunothérapie allergénique fonctionne comme un vaccin : elle habitue progressivement le corps à l’allergène, en l’exposant à de faibles doses. Elle traite donc l’allergie à son origine, dans le système immunitaire. L’aliment ou la plante auquel la personne est allergique devient son médicament. Il s’agit à ce jour de la seule manière de réduire l’allergie ou d’éviter sa complication.
Deux modes d’administration sont possibles. Le plus ancien, par voie sous-cutanée, reproduit le fonctionnement d’un vaccin. Le médecin injecte au patient une dose d’allergène par une seringue. Le second mode, plus récent et mieux toléré, s’effectue par voie sublinguale. Le patient, depuis son domicile, dépose sous sa langue une goutte de liquide contenant l’allergène ou un comprimé. Dans les deux cas, le traitement comporte deux phases : l’initiation, qui habitue le corps, et l’entretien, qui fonctionne comme un rappel vaccinal. Il doit durer au moins trois ans, ou trois saisons dans le cas des allergies saisonnières, pour être efficace.
« L’énorme inconnue c’est le recul »
L’immunothérapie allergénique est conseillée aux patients dont l’allergie est sévère et présente un danger. Elle est indiquée pour les cas d’allergies respiratoires (pollens, moisissures, acariens) ou d’allergie aux venins (abeille, guêpe). Mais d’autres études sont en cours pour mettre au point des immunothérapies contre les allergies animales, à l’œuf, aux protéines de lait de vache ou à l’arachide.
Mais la question de la durée d’efficacité du traitement demeure. Interrogé par pourquoidocteur, le Dr Nhân Pham Thi, allergologue et pneumo-pédiatre à Paris, expliquait que de nombreuses inconnues persistent : « Il existe des cas de rupture de tolérance : si vous arrêtez le traitement, il y a un risque de rebond, et de réaction beaucoup plus forte ensuite. L’énorme inconnue, c’est le recul. Dans un certain nombre de cas, la tolérance va « accrocher », comme pour une greffe. Dans la majorité des cas, on parvient à maintenir cet état. Mais si on arrête le traitement, comme dans la greffe, il y a des phénomènes de rejet. »