Changement climatique
Particules fines : la pollution de l’air favorise les troubles oculaires
Les consultations pour des troubles oculaires doublent lorsque des pics de particules fines dans l’air sont enregistrés, selon une nouvelle étude.
Le changement climatique est “la plus grande menace pour la santé de l'humanité”, selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Après cette déclaration, Jennifer Patnaik, professeure adjointe d'épidémiologie et d'ophtalmologie à la faculté de médecine de l'Université du Colorado, s’est demandé quel pouvait être l’impact de la pollution de l’air liée au changement climatique sur la santé oculaire.
Ses travaux publiés dans la revue, Clinical Ophthalmology, montrent que l’exposition aux particules fines, intimement liées au changement climatique, affectait bien les yeux.
Yeux : la hausse du taux de particules fines augmente les consultations ophtalmiques
L'auteure principale et son équipe ont repris les registres des visites quotidiennes des consultations liés à des troubles oculaires ainsi que celui des niveaux quotidiens de particules en suspension (PM10 et PM2,5) dans la région métropolitaine de Denver entre octobre 2015 et janvier 2023. Les chercheurs ont ainsi identifié 144.313 consultations pour des affections de la surface oculaire et des allergies dans des cliniques ophtalmologiques pendant la période étudiée.
Leurs analyses ont montré que le nombre de visites quotidiennes était 2,2 fois plus important que la moyenne lorsque les concentrations de PM10 étaient de 110 μg/m3. De plus, le ratio de consultations grimpait à mesure que les concentrations de ce polluant augmentaient. À titre de comparaison, l'objectif de qualité d'air en France est une moyenne journalière de PM10 de 50 µg/m3, à ne pas dépasser plus de 35 jours par an.
"De même, les taux de visite ont progressé à mesure que la concentration quotidienne de PM2,5 augmentait, mais cet effet de gradient n’était pas significativement plus élevé à mesure que la concentration augmentait", ajoutent les scientifiques dans l'article.Sécheresse oculaire, conjonctivite : les troubles oculaires favorisés par le changement climatique
Les principaux motifs des consultations des cliniques ophtalmologiques lors des pics de pollution de l’air étaient la sécheresse oculaire (67.510 visites) et la conjonctivite (47.093 visites).
"La prévalence de la conjonctivite allergique oculaire a augmenté dans le monde entier et varie d'une région à l'autre. Des facteurs socio-économiques et environnementaux tels que la température, l'humidité et la pollution de l'air ont été proposés comme raisons de l'augmentation", précisent les chercheurs dans leur communiqué.Pour eux pas de doute, leurs travaux mettent en évidence une association entre le changement climatique et les maladies oculaires. Les particules fines n'affectent pas seulement la santé respiratoire ou cardiovasculaire, elles ont également un impact direct sur les yeux.
"Cette étude met en évidence les impacts systémiques sur la santé des facteurs de stress climatique, y compris la qualité de l'air, les incendies de forêt, la température et les conditions de sécheresse, et le besoin continu de recherche transdisciplinaire", souligne la Pr Katherine James qui a travaillé sur cette recherche. L’équipe prévoit de mener de nouvelles études sur le sujet afin d’identifier des stratégies préventives ou encore de nouveaux protocoles de traitement “pour répondre à ces influences environnementales”.