Gaspillage
8 médicaments sur 10 conservent 90 % d’efficacité après la date de péremption affichée
L’UFC-Que Choisir dénonce les conséquences environnementales, économiques et sanitaires du gâchis de médicaments périmés, dont les substances sont encore actives longtemps après la date limite.
"30 ans." C’est le nombre d’années durant lesquelles les médicaments gardent leur efficacité après la date de péremption inscrite sur les boîtes, selon l’association de consommateurs UFC-Que Choisir. Pour parvenir à cette découverte, elle a décidé de faire mesurer par un laboratoire spécialisé la quantité de substances actives présentes dans 30 traitements récoltés auprès de consommateurs qui, d’après les fabricants, sont périmés. Dans le détail, 20 comprimés, gélules ou sachets de paracétamol (périmés entre 1992 et 2023) et 10 d’ibuprofène (périmés entre 2015 et mars 2024) ont été analysés.
Sur 30 médicaments périmés depuis des années, la teneur en principe actif est restée stable
Les résultats ont révélé que, dans 80 % des cas, les médicaments contenaient suffisamment de substance active pour être considérés comme efficaces. "Seuls trois échantillons de chaque groupe contiennent moins de 90 % de la quantité affichée de principe actif (par exemple, moins de 900 mg de paracétamol pour un Doliprane 1 g), 84 % pour le paracétamol (date limite 2018) et 82 % pour l’ibuprofène (date limite 2022)." Les chercheurs ont souligné qu’il n’existait pas de lien entre l’année de péremption des médicaments et la quantité de substance active encore présente. Et pour preuve : 100 % de substance active a été retrouvée dans du paracétamol censé être périmé depuis 1992. "De même, les conditions de conservation – du placard dans un endroit sec et tempéré à la boîte à gants d’une voiture en passant par une salle de bains à l’atmosphère chaude et humide – ne sont pas reliées au taux de substance active restante. Un stockage dans des conditions idéales n’a pas toujours permis une meilleure conservation qu’un traitement plus négligent", a précisé l’UFC-Que Choisir.
Le gaspillage de médicaments a des répercussions triplement néfastes
Face à ces données, l’association saisit l’ANSM pour qu’elle mette en œuvre l’ensemble des mesures permettant d’éviter ce gaspillage de médicaments, qui a des conséquences, en particulier dans un contexte où le nombre de pénuries a explosé ces dernières années. En effet, jeter des médicaments encore efficaces accroît la demande de traitements et les tensions d’approvisionnement. Économiquement parlant, ce gâchis "engendre un renouvellement plus rapide des médicaments qui a un coût pour le système hospitalier et l’Assurance maladie lorsqu’il s’agit de médicaments prescrits, et pour les malades". De plus, ce gaspillage entraîne une hausse inutile de déchets "en partie non traités dans le cadre du processus de collecte des médicaments".