Transmission

On hérite probablement en partie du microbiote intestinal de nos ascendants

La composition de notre microbiote intestinal nous viendrait partiellement de nos parents.

  • Par Mathilde Debry
  • Meeko Media / istock.
  • 04 Sep 2024
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    Pour la première fois, des scientifiques de l’INRAE ont prouvé que la formation du microbiote intestinal est en partie héritable chez les porcs, un animal dont le fonctionnement biologique est proche de celui des humains.

    L’environnement influence la formation et la composition du microbiote

    Le microbiote intestinal est composé d’un ensemble de milliards de microorganismes qui se constitue après la naissance chez les humains et les animaux. 

    "Si on sait que l’environnement (notamment l’alimentation) influence grandement la formation et la composition du microbiote, l’influence de la génétique dans ce phénomène est encore débattue", indique l’INRAE dans un communiqué de presse.

    Pour trouver des réponses à cette problématique, les scientifiques ont dans un premier temps mis en évidence qu’il est possible de répartir des porcelets âgés de 60 jours en 2 groupes correspondant à 2 types de microbiote appelés "entérotypes". Chaque entérotype est caractérisé par une surabondance relative de 2 genres bactériens :

    - Prevotella et Mitsuokella pour l’entérotype PM ;

    - Ruminococcus et Treponema pour l’entérotype RT.

    Concernant la mise en place des 2 lignées sélectionnées, les reproducteurs ont été choisis pour retenir ceux qui avaient un microbiote de type PM ou RT. Puis les porcelets des 2 lignées ont été élevés exactement dans les mêmes conditions (même lieu, même nourriture).

    "La composition du microbiote ne dépend pas que de l’environnement"

    "Les résultats montrent que dans la lignée sélectionnée pour l’entérotype PM, la fréquence de cet entérotype est passée de 53 % dans la population initiale avant sélection à 87 % après 3 générations. Dans l’autre lignée, la fréquence de l’entérotype RT est quant à elle passée de 47 % à 70 %", détaillent les autrices de l'étude Catherine Larzul, Jordi Estelle et Claire Rogel-Gaillard. 

    Des analyses de la vitesse de croissance des 2 lignées montrent par ailleurs que les porcs sélectionnés sur le microbiote de type PM ont une croissance plus rapide jusqu’à 70 jours d’âge.

    Enfin, une analyse plus approfondie a révélé que les 2 entérotypes contiennent des bactéries ayant des activités métaboliques différentes. L'entérotype PM est notamment plus riche en gènes bactériens capables de dégrader l'amidon, de métaboliser les sucres et de synthétiser des acides aminés importants.

    Grâce à ces 2 lignées de porcs, les travaux vont se poursuivre pour étudier la stabilité des entérotypes au cours de la vie des animaux et leur influence sur la production, la santé et le comportement des porcs.

    "Ces résultats prouvent que la génétique de l’animal a une influence importante sur la formation de son microbiote intestinal et que sa composition ne dépend pas que de l’environnement", terminent les chercheuses. 

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