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Sommeil : les applications et appareils censés aider à mieux dormir épinglés

Après avoir testé des outils de santé connectée pour mieux dormir, un journaliste du New York Times s'est rendu compte que cela n'aidait en rien son sommeil, bien au contraire. Cette expérience rejoint les résultats d'une étude scientifique parue en juin. 

  • Par Raphaëlle de Tappie
  • AndreyPopov/iStock
  • 19 Jul 2019
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    Masque de nuit connecté, lunettes relaxantes, matelas capteur de sommeil, applications pour mesurer la qualité du sommeil… Depuis quelques années, les industriels commercialisent des dizaines et des dizaines d’outils censés nous aider à mieux dormir. Et pourtant, d’après une expérience réalisée par un journaliste du New York Times relatée mercredi 17 juillet, ces derniers sont tous sauf bénéfiques pour une nuit sereine. Cette chronique fait écho à une étude américaine parue en juin dans la revue Sladshot prouvant que ces technologies ont tendance à provoquer de l’orthosomnie (la quête du sommeil parfait), parfois très toxique chez les patients. 

    "Les deux dernières semaines, j’ai ajouté une étape supplémentaire à ma routine dodo : enrouler un ordinateur autour de mon poignet", explique le journaliste en préambule de son article. Muni d’une Apple Watch, "puisque c’est l’un des objets connectés les plus populaires", Brian X.Chen s’est connecté à une application "super bien notée" du nom d’AutoSleep. Cette dernière utilise les capteurs de l’Apple Watch pour suivre les mouvements de son utilisateur et déterminer quand il s’endort et se réveille. "Mais l’excitation s’est arrêtée là", annonce tout net le journaliste. "En fin de compte, la technologie ne m’a pas aidé à dormir d’avantage. Cela ne m’a rien appris de nouveau (…) et les données ne m’ont pas aider à trouver quoi faire pour résoudre mes problèmes de sommeil. Au contraire, je me sens plus grognon depuis que j’ai commencé ces tests", détaille-t-il.  

    Dans leur étude, les chercheurs du Collège Médical de l’Université Rush et de l’Ecole de Médecine Feinberg de l’Université Northwestern avaient eux-aussi remarqué que les participants se plaignaient des données collectées par des applications de sommeil et des appareils Nike ou Apple. Non seulement les résultats pouvaient être faussés mais en plus, ces outils empiraient les insomnies des patients complètement obsédés à l’idée d’atteindre des "résultats parfaits" : s’endormir rapidement, ne pas faire de cauchemars et avoir des cycles réguliers et réparateurs.

    "Parfois être informé d’un problème nous rend encore plus nerveux"

    Au cours d’une nuit de sommeil, trois étapes se succèdent : le sommeil léger, profond et paradoxal. Le sommeil profond est bénéfique pour réparer le corps et le métabolisme tandis que paradoxal, celui des rêves, aide à rebooster nos réseaux émotionnels et psychologiques. En moyenne, une personne complète un cycle du sommeil incluant les trois étapes principales, toutes les 90 minutes. Pour une bonne nuit, il est souvent recommandé de compléter quatre ou cinq cycles, soit environ huit heures de dodo.  

    Or le problème avec la technologie, c’est qu’elle ne peut généralement pas mesurer correctement le sommeil paradoxal. Des appareils populaires comme l’Apple Watch ou Fitbit étudient le mouvement et le rythme cardiaque pour déterminer quand vous êtes réveillé ou endormi de manière souvent trop imprécise pour rentrer dans la subtilité des différentes phases, explique Raphael Vallat, chercheur au Centre des Sciences du sommeil humain à Berkeley (Californie) au New York Times. Ce qui donne donc des résultats incomplets sur la qualité de votre nuit. Contrairement aux autres, l’application AutoSleep a au moins le mérite d’annoncer d’emblée ne pas pouvoir être en mesure d’analyser le sommeil paradoxal. 

    Autre problème majeur des applications et des appareils mesurant le sommeil : si ces derniers vous disent que vous avez besoin de dormir plus (ce que vous aviez probablement déjà remarqué par vous-même), ils ne peuvent pas vous aider à résoudre les angoisses qui vous tiennent éveillé. "La question est : pouvez-vous faire quoique ce soit par vous-mêmes pour optimiser ces données? Ou l’information est-elle est juste inutile ou elle empire la situation? Car parfois être informé d’un problème nous rend encore plus nerveux", s’interroge donc le cardiologue Ethan Weiss, également sollicité par le New York Times. 

    85% des Français disent se réveiller au moins une fois par nuit 

    D’après un sondage réalisé à l’occasion de la journée mondiale du sommeil en mars, les Français dorment en moyenne mal ou trop peu. Ils sont ainsi 32% à déclarer se réveiller trop tôt 4 à 5 fois par semaine et sont 25% à avoir du mal à s’endormir. Par ailleurs, 85% d’entre eux se plaignent de se réveiller au moins une fois par nuit. Ils mettent ensuite 39 minutes en moyenne à retomber dans les bras de Morphée. Pour faire face à ces problèmes, 43% d’entre eux auraient déjà consulté un professionnel de santé. 

    Interrogés sur les raisons potentielles de leurs difficultés à bien dormir, les sondés évoquent surtout le fait de se coucher tard (48%) ainsi que le manque d’activités calmes avant (33%).

    Plusieurs solutions simples existent afin de maximiser ses chances de passer une nuit sereine. Evitez la caféine et la théine après le déjeuner, ne faites pas de sport avant de vous coucher, dînez léger, prenez un bain tiède pour vous relaxer et oubliez les écrans qui risqueraient d’exciter vos yeux et votre cerveau. Enfin, perdez l’habitude de travailler, manger ou même regarder un film dans votre lit. Ce dernier doit rester un sanctuaire dédié au calme et à la détente. 

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