Bébé Ténia
Des chirurgiens découvrent comme un « œuf de caille » dans le cerveau d'une patiente
En pleine opération, des chirurgiens qui pensaient retirer une tumeur cérébrale sont tombés sur du jamais vu.
Des chirurgiens qui s'attendaient à retirer une tumeur cérébrale sont tombés sur quelque chose qui ne s’était jamais vu auparavant. La patiente opérée, Rachel Palma, avait consulté pour un mal-être global persistant, avec un engourdissement du côté droit du corps, de la confusion mentale et de violents cauchemars. Jeune et en bonne santé, aucun de ses antécédents médicaux ne pouvaient expliquer ses symptômes. Perplexes, les médecins lui font passer une IRM, révélant une probable tumeur cérébrale dans la partie frontale gauche du cerveau.
Un petit œuf de caille
"D'après les images et ses antécédents, nous avons cru voir ce qui semblait être une tumeur cérébrale", raconte Jonathan Rasouli, neurochirurgien à l'hôpital Mount Sinai, responsable de l’opération. "Elle ne présentait aucune infection ou tumeur cancéreuse ailleurs dans le corps".
Les médecins réalisent alors une craniotomie pour retirer la tumeur, mais tombent… sur un petit œuf. "En arrivant au niveau de la lésion, nous nous sommes vite rendu compte que ce que nous observions n'était clairement pas une tumeur cérébrale", poursuit Jonathan Rasouli. "En fait, ça ressemblait plus à un œuf de caille – même taille, même texture. C’était très étrange, car on ne s'attend pas vraiment à voir quelque chose comme ça dans le cerveau de quelqu'un."
Une fois l’œuf retiré, les scientifiques l’ont disséqué, et constaté qu’il s’agissait en fait d’un bébé Ténia. Rachel Palma souffrait de neurocysticercose, une infection parasitaire du système nerveux central provoquée par un ver plat, le ténia du porc (Taenia solium).
Neurocysticercose
La neurocysticercose, communément vue comme une "maladie tropicale sous-estimée", touche les populations pauvres vivant dans des environnements peu hygiéniques et ruraux. Elle est surtout présente en Asie, en Amérique Latine et de plus en plus en Afrique Subsaharienne. Toutefois, en raison de l’augmentation des flux de circulation dans le monde, il arrive que des personnes vivant dans des pays développés tombent malade. "Aux Etats-Unis, au cours des dernières décennies, la neurocysticercose est devenue un important problème de santé publique à cause de l'afflux croissant d'émigrés, en provenance en particulier du Mexique", explique ainsi le Centre René Labusquière, Institut de Médecine Tropicale.
Généralement, les gens sont infectés en consommant de la viande crue ou mal cuite ou en buvant de l’eau contaminée par des œufs T.solium, explique le site de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Et parce que les personnes infectées vivent le plus souvent dans des zones extrêmement pauvres et reculées, il arrive qu’elles soient malades pendant des années sans le le savoir. Or, sans traitement, l’affection devient de plus en plus grave à mesure que les larves envahissent les tissus.
"L’enkystement des larves dans le système nerveux central, les muscles, la peau et les yeux conduit à une neurocysticercose la forme la plus grave de la maladie qui est une des causes fréquentes de l’épilepsie dans le monde", explique l’OMS. Outre les crises convulsives, partielles ou généralisées, le malade souffre le plus souvent de céphalées, de démence, de troubles visuels, de vertiges, de troubles psychiques, d’hypertensions intracrânienne (nausées, vomissements…) ou encore de tremblements.