A domicile ou dans des salles de sport dédiés
Seniors : l’activité physique pour repousser la dépendance
Alors que le projet de loi d'adaptation de la société au vieillissement vient d’être présenté, Pourquoidocteur le point sur les bienfaits de l’activité physique chez les séniors, même dépendants.
Maintenir la population âgée en bonne santé, les experts sont unanimes, cela passera par un développement croissant de la prévention par l’activité physique et sportive. « La prise en charge des personnes âgées dépendantes va devoir franchir une étape supplémentaire dans son intensité. On va devoir changer de paradigme. Grâce à la prévention par l’activité physique, on peut prévenir certains troubles de la marche et même faire disparaître certaines complications liées à des maladies chroniques » expliquait le Dr Roger Rua, Président du Syndicat des médecins libéraux (SML) sur pourquoidocteur en janvier dernier. Alors qu’adapter la société au vieillissement de la population risque de ne pas être réglé avec le texte de loi qui vient d’être présenté, puisque le nombre de personnes âgées de plus de 85 ans devrait passer de 1,5 million aujourd'hui à 5 millions en 2050, pourquoidocteur fait le point sur l’un des leviers essentiels permettant de faire reculer la dépendance : l’activité physique.
Des bénéfices pour le cœur, les muscles, la mobilité, l’autonomie
Bien sûr, démarrer une activité physique à 70 ans ne fait pas des miracles et ne peut pas compenser des années de sédentarité. Mais, tous les médecins du sport l’affirment : quel que soit l’âge auquel on commence, l’activité physique porte ses fruits. Et les preuves scientifiques des bénéfices de l’exercice physique chez les seniors ne manquent pas.
Le premier organe à mieux se porter est le cœur. Avec le vieillissement, les vaisseaux ont une moins bonne capacité d’ouverture, ils apportent donc moins bien le sang et tous les composants tels que l’oxygène et sucre dont les muscles ont besoin. C’est donc en faisant du sport que l’on redonne aux vaisseaux la capacité de bien se dilater notamment avec des activités comme la marche, le vélo ou encore la marche nordique.
« Il faut que la personne âgée fasse aussi un petit peu de musculation, nous précisait récemment le Pr François Carré, cardiologue du sport au CHU de Ponchaillou à Rennes. Monter plusieurs fois par jour quelques étages à pied, c’est déjà de la musculation, ou à la maison, soulever des bouteilles d’eau ».
Des salles de sport dédiés aux seniors proposent depuis quelques années des programmes adaptés. C’est le cas des centres « Curves », spécialistes du sport au féminin, qui proposent par exemple un programme de fitness et de coaching aux plus de 60 ans. L’enjeu principal de ces centres spécialisés de remise en forme est d’aider les femmes seniors à retrouver leur mobilité et leur indépendance en luttant contre le déclin de la fonction musculaire lié à l’âge.
Ecoutez Mélanie Bataille, gérante du centre « Curves » de Cagnes-sur-mer : « On travaille par exemple sur des machines hydrauliques qui ne sont pas contraignantes pour les articulations des femmes seniors qui ont de l’ostéoporose ». Retrouver l’envie de bouger, une nécessité Cependant à partir de 60 ans, la motivation pour se bouger baisse brutalement. Même si spécialistes et pouvoirs publics tentent depuis quelques années de faire comprendre aux seniors l’intérêt de l'activité physique, le message a encore parfois du mal à passer. « Chez les seniors, le principal frein est le manque d’envie pour 42 %, le manque de temps pour 17 % et l’état de santé pour 13 %, nous confiait le Pr Jean François Toussaint, directeur de l’Institut de recherche bio-médicale et d’épidémiologie du sport (IRMES) il y a quelques mois. Ecoutez Mélanie Bataille : « On propose des jeux, des défis, on est vraiment dans une ambiance conviviale et ludique. Chez les seniors, c’est important de créer du lien social. » Cependant, reprendre une activité physique lorsque l’on est senior et surtout après parfois plusieurs années d’inactivité ne se fait pas à la légère. L’idéal est tout de même de consulter un spécialiste afin d’évaluer ses capacités et ses besoins. « Avant de démarrer notre programme avec une senior, on fait un bilan de forme. Ca nous permet de faire le point sur ces antécédents sportifs et médicaux, conclut Mélanie Bataille. Grâce à ce bilan, cela nous permet de proposer aux adhérentes le programme le plus adapté notamment en terme d’intensité ».
Et pour leur donner cette envie, certains experts expliquent qu’il faut communiquer et leur montrer des exemples positifs comme des Olympiades dans les EHPAD, on des masters organisés pour des nonagénaires... Autre levier pour les aider à retrouver la motivation de bouger davantage, la présentation de plusieurs études ont montrant que même à 75 ans, les seniors gagnent 2 à 3 années de vie supplémentaire. « L’activité physique n’agit pas seulement sur la santé physique des femmes mais elle contribue à leur bien être et à leur qualité de vie, précise Mélanie Bataille.